Identifier les principales évolutions de la cancérologie pour mieux orienter l’offre de soins des Centres de lutte contre le cancer (CLCC) et garder une longueur d’avance dans la prise en charge des patients : tels sont les objectifs des études prospectives réalisées par Unicancer depuis 2013.
La cancérologie des dix prochaines années ira vers des soins moins invasifs, plus sophistiqués et une moindre présence du patient à l’hôpital, le développement de la télémédecine, le renforcement du rôle du patient et la progression de la e-santé.
Les CLCC avancent en éclaireurs en anticipant ces évolutions dans la prise en charge des patients atteints d’un cancer, pour leur bénéfice et celui de l’ensemble de la cancérologie française.
Le patient est de plus en plus acteur de sa prise en charge. À l’horizon 2025, il sera encore plus actif et souhaitera se positionner en “partenaire” pour participer à l’amélioration de sa prise en charge, par exemple en transmettant aux équipes soignantes, au jour le jour grâce à des applications smartphone, l’évolution de ses symptômes, de ses effets secondaires, très utile pour ajuster les traitements.
• Former les professionnels pour s’adapter aux nouvelles exigences du patient, pour mieux l’informer face à des maladies chroniques et en faire un vrai partenaire de soin.
• Fournir des informations générales mais aussi personnalisées aux patients et aux aidants.
• Travailler avec les associations de patients pour collecter et traiter les informations arrivant directement des patients.
• Mettre en place des outils de mesures des résultats rapportés par un patient (patient-reported outcome measures ou PROMs) tout au long de sa prise en charge.
Les établissements vont devoir “prendre le train” des nouvelles technologies en marche : accompagner l’évolution de la prise de décision clinique appuyée par des analyses de données massives, automatiser leur gestion (gestion des flux, aide à la prescription, etc.). Ils vont également devoir utiliser de nouveaux outils pour coordonner, suivre et surveiller à distance la prise en charge des patients.
• Intégrer des plateformes big data avec des outils d’analyse dans les protocoles de recherche pour arriver jusqu’à l’appui à la décision clinique.
• Développer la télémédecine avec la téléconsultation de spécialistes experts à distance, le télémonitoring, etc.
• Accélérer l’automatisation des processus avec notamment des outils de gestion automatisés.
La place des établissements de santé prenant en charge le cancer va être bousculée dans les années à venir. La ville va s’imposer comme un interlocuteur majeur, les établissements de santé vont avoir un rôle de “coordinateur du parcours de soins”. Ils vont aussi devoir faire évoluer leurs partenariats avec des établissements publics qui se réorganisent en réseau.
• Faire évoluer les modèles de prise en charge et de parcours.
• Proposer plus de services aux patients avec une coordination des soins et des services et la création de liens entre les structures de prise en charge.
• Ajuster les stratégies de partenariats territoriaux en déployant notamment des outils de management(du type gestion de la relation clients).
La radiothérapie est une discipline en pleine mutation, tant en termes de techniques utilisées de plus en plus pointues que de protocoles de traitement. Elle est au cœur de la tendance actuelle vers une désescalade des soins dans le traitement des cancers.
• Faire bénéficier le patient de traitements plus ciblés, moins nombreux et plus efficaces.
• Recourir de plus en plus aux modalités les plus pointues :
– élargir à des modalités nouvelles : la radiothérapie conformationnelle par modulation d’intensité (RCMI), la synchronisation respiratoire, la stéréotaxie,
– former les personnels paramédicaux,
– allonger la durée des séances avec la prise en compte des temps de préparation, des contrôles qualité.
La chirurgie ambulatoire va continuer d’évoluer dans les dix prochaines années : les patients ne dorment pas à l’hôpital et sont opérés dans la journée grâce à des chirurgies moins agressives, une organisation plus efficace et un suivi à domicile ou lors de consultations ponctuelles à l’hôpital ou encore en ville. Cette tendance va aller encore plus loin en proposant de diminuer de manière importante la durée des séjours pour des chirurgies lourdes, en favorisant notamment les programmes de récupération améliorée après chirurgie (RAAC).
• Augmenter les places de chirurgie avec des unités dédiées de chirurgie ambulatoire.
• Faire évoluer les missions des personnels paramédicaux : appels téléphoniques pré- et postintervention.
• Développer la coordination hôpital – professionnels de ville.
D’ici à 2025, la proportion de traitements médicamenteux par voie orale devrait passer des 25 % actuels à 50 %, et les chimiothérapies intraveineuses dans le cancer du sein, diminuer de 25 %. Avec les traitements par voie orale, il sera de plus en plus possible pour le patient d’être soigné chez lui.
• Mieux valoriser l’activité de consultation.
• Augmenter le nombre d’oncologues médicaux.
• Développer les partenariats avec les structures de ville : pharmaciens, médecins traitants, etc.
De plus en plus, on analysera l’ADN des tumeurs de patients pour comprendre les mutations génétiques clés de ces tumeurs, ce qui permettra d’offrir aux patients des traitements “personnalisés”, car combattant ces mutations génétiques (quand ceux-ci existent), et ce tout au long de la maladie.
• Équiper les établissements en séquenceurs à haut débit et en équipements d’imagerie.
• Mettre en place des réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) moléculaires.
• Favoriser la création de nouveaux métiers.
• Augmenter l’analyse génétique des tumeurs.
La radiologie interventionnelle représente un champ majeur d’innovation, au croisement de l’imagerie et de la chirurgie, de la technologie et de la science. Elle répond à une forte demande sociétale de proposer des traitements efficaces et moins agressifs. La radiologie interventionnelle permettra de remplacer certains actes de chirurgie par des actes moins invasifs.
• Obtenir davantage de financements, actuellement un frein conséquent au développement de la pratique.
• Créer des salles de blocs dédiées à la radiologie interventionnelle.
Les soins de support, loin d’être secondaires, apportent un accompagnement essentiel pour les patients atteints d’un cancer et sont amenés à se développer dans les années à venir. Ils seront considérés à l’horizon 2025 comme indispensables à tous les patients traités pour un cancer avec un impact prouvé sur les résultats de santé (moins d’hospitalisations non programmées, moins de récidives, etc.).
• Harmoniser les soins de support proposés aux patients.
• Augmenter et pérenniser les financements.
Première étude sur l'avenir de la cancérologie : quelle prise en charge des cancers en 2020 ?