Unicancer est à l’ESMO 2025

Le Pr Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer, Sophie Beaupère, Déléguée générale d’Unicancer, ainsi que Muriel Dahan, Directrice de la Recherche et du Développement, et leurs équipes, seront présents à l’ESMO, congrès de la Société européenne d’oncologie médicale.


C’est le rendez-vous incontournable en cette fin d’année pour les chercheurs et chercheuses du monde entier dans le domaine du cancer : le congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) a lieu cette année à Berlin, en Allemagne, du 17 au 21 octobre. Plus de 30 000 participants issus de 150 pays des cinq continents peuvent y partager et découvrir les dernières avancées en matière de traitement du cancer.

Les Centres de lutte contre le cancer y présentent des résultats de recherche ambitieux. Les groupes de recherche d’Unicancer y sont aussi présents avec 14 posters (voir en fin d’article) et trois présentations orales.

Parmi ces dernières, le groupe d’étude des tumeurs urogénitales (GETUG) d’Unicancer présente les résultats de l’étude ALBAN. Celle-ci a suivi des patients atteints d’un cancer de la vessie non invasif musculaire à haut risque de récidive qui n’avaient jamais reçu de BCG (Bacillus CaLmette-Guerin) pour cette maladie, afin d’évaluer l’efficacité de l’ajout d’un médicament (atezolizumab) à l’instillation vésicale de BCG classique. Cette étude figure parmi trois études compétitives dans la même population de patients, les deux autres, des études industrielles utilisant des durées de maintenance différentes, ayant annoncé des résultats positifs. Un article sur ALBAN est attendu dans la revue Annals of Oncology.

Autre résultat présenté cette fois par le groupe Unicancer-AFSOS Supportive Care Group : l’étude QUALIOR a étudié la faisabilité d’un programme d’activité physique supervisé à domicile chez des patients atteints d’un cancer métastatique recevant un traitement ciblé par voie orale, ainsi que ses impacts en termes de fatigue, qualité de vie, risques d’anxiété ou de dépression.

Le groupe French Breast Cancer Intergroup Unicancer (UCBG) partage quant à lui les résultats préliminaires de l’étude RIBOLARIS, promue par Solti (Espagne) et coordonnée en France par Unicancer. Celle-ci a été conçue avec un objectif clair : déterminer si la réponse moléculaire induite par l’utilisation du traitement néoadjuvant ribociclib associé à un traitement endocrinien peut orienter les décisions concernant le traitement adjuvant le plus approprié après l’ablation de la tumeur, y compris la nécessite d’une chimiothérapie, et contribuer à prévenir d’éventuelles récidives.

Président d’Unicancer, directeur général du Centre Léon Bérard et directeur des politiques publiques de l’ESMO, le Pr Jean-Yves Blay participe à la session d’ouverture du congrès avec une présentation des dernières informations utiles à la pratique des oncologues et intervient lors de la session spéciale sur la thématique « Vers une boîte à outils pour le bien-être : comment construire une équipe résiliente en oncologie ». Il copréside également une session orale dédiée aux politiques de santé et la session orale « Perspectives et enjeux mondiaux : rencontre entre les autorités de régulation et les professionnels de santé ». Le Pr Muriel Dahan, directrice de la Recherche et du Développement d’Unicancer, copréside quant à elle une autre session orale dédiée aux politiques de santé.


Programme des présentations orales Unicancer

17/10/2025 – 12h58
Opening session
What you might have missed: Insights that could inform your practice, par Pr Jean-Yves Blay (Lyon, France)

17/10/2025 – 12h18
Opening session
ESMO Award – When science meets hope: Breakthroughs in academic pancreatic cancer trials, par Pr Thierry Conroy (Nancy, France)

17/10/2025 – 14h
Proffered Paper session: Breast cancer, early stage
296O – Risk of Recurrence (ROR) After Neoadjuvant Ribociclib Plus ET in Clinically High-Risk ER+/HER2− BC: Preliminary Analysis of the SOLTI-RIBOLARIS Trial, par Pr Paul H. Cottu (Paris, France)

17/10/2025 – 14h
Proffered Paper session 1: GU tumours, renal & urothelial
LBA107 – ALBAN: A phase 3, randomized, open-label, international study of intravenous (iv) atezolizumab and intravesical Bacillus Calmette-Guérin (BCG) vs BCG alone in BCG-naïve high-risk, non-muscle-invasive bladder cancer (NMIBC), par Pr Morgan Rouprêt (Paris, France)

17/10/2025 – 16h50
Proffered Paper session: Supportive and palliative care
2802O – Home-based supervised physical activity (SPA) for metastatic cancer patients receiving oral targeted therapy: the AFSOS-Unicancer QUALIOR randomized phase 3 Study, par Pr Florence Joly Lobbedez (Caen, France)

18/10/2025 – 14h45
Proffered Paper session: Policy
Co-Chair: Pr Jean-Yves Blay (Lyon, France)

19/10/2025 – 8h30
Global perspectives, global promises: Regulators meet HCPs
Co-Chair: Pr Jean-Yves Blay (Lyon, France)

19/10/2025 – 10h25
Towards a well-being toolkit: Co-creating a resilient oncology workforce
Co-Speaker: Pr Jean-Yves Blay (Lyon, France)

20/10/2025 – 10h15
Mini Oral session 2 : Policy
Co-Chair and speaker: Pr Muriel Dahan (Paris, France)

Posters Unicancer

Le groupe de recherche French Breast Cancer Intergroup Unicancer (UCBG) présente un poster sur l’étude HEROES, ouverte aux recrutements depuis janvier 2025. Cet essai clinique propose une désescalade thérapeutique dans les cancers du sein métastatiques HER2-positif lorsque la maladie est contrôlée après deux ans de traitement d’entretien. Il vise à savoir s’il est possible d’identifier les patients pour lesquels un arrêt temporaire ou définitif du traitement est possible sans impact sur le pronostic.

Un poster est également présenté par le groupe d’étude des tumeurs urogénitales (GETUG) d’Unicancer sur l’essai clinique PEACE-8. Ouverte aux recrutements depuis avril 2025, celui-ci évalue l’efficacité de l’association d’une radiothérapie stéréotaxique corporelle (SBRT), une nouvelle technique de radiothérapie guidée par une imagerie médicale de très haute précision, au traitement hormonal standard chez les patients dont le cancer de la prostate continue à se développer malgré ce traitement standard et compte des métastases en nombre limité.

Le groupe de recherche Unicancer GastroIntestinal Group (UCGI) présente trois posters :

  • L’essai clinique NEOPAN a montré, dans le cancer du pancréas localement avancé, que la qualité de vie de patients traités par chimiothérapie avec le Folfirinox était similaire voire meilleure que celle des patients traités avec la Gemcitabine.
  • L’essai clinique TRIFLUOX-DP, ouvert aux recrutements en France en avril 2025, teste l’innocuité de la trifluridine/tipiracil en remplacement de la chimiothérapie à base de fluoropyrimidines comme traitement de première intention contre le cancer colorectal ou gastro-œsophagien métastatique, chez les patients présentant un déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD), une enzyme hépatique. Seront testées la survie, la sécurité et la qualité de vie.
  • Chez les patients atteints de cancers gastro-intestinaux et présentant la même déficience en DPD, l’essai clinique FUDOSE vise à établir des lignes directrices pour individualiser la dose de chimiothérapie, et en particulier réduire la dose de fluoropyrimidine. Il est ouvert aux recrutements en France depuis janvier 2025.

Enfin, le groupe de recherche Médecine personnalisée d’Unicancer présente aussi trois posters :

  • L’essai clinique DAISY a évalué l’efficacité d’un conjugué médicamenteux (DS-8201a) en monothérapie chez des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique. Il a montré que l’analyse de certains biomarqueurs se révélait utile pour caractériser la réponse ou la résistance au traitement.
  • En cours de recrutement, l’essai clinique international SAFIR-ABC10 vise à évaluer si l’introduction d’une thérapie ciblée après 4 cycles du traitement de référence actuel pour le cancer biliaire avancé est supérieure à la poursuite du traitement standard.
  • L’essai clinique EPIB-ORL a identifié cinq signatures immunitaires (liées aux macrophages, à l’inflammation des lymphocytes T et à la signalisation IFN-γ) associées aux résultats de l’immunothérapie, notamment la survie sans progression et la survie globale.

Deux projets portés par la direction des datas et des partenariats d’Unicancer présentent également plusieurs posters :

  • Le projet CANTO a reçu le prix « ESMO Merit Travel Grant ». Ce projet compare les caractéristiques clinico-pathologiques, les traitements et les résultats cliniques chez des patientes avec une tumeur à faible taux de récepteurs œstrogéniques, des patientes atteintes d’un cancer du sein triple négatif et des patientes atteintes d’un cancer du sein fortement positif aux récepteurs œstrogéniques. Le projet évalue également, chez les patientes avec une tumeur à faible taux de récepteurs œstrogéniques, les facteurs associés à l’omission de l’hormonothérapie et la relation entre ce traitement et les résultats cliniques.
  • A partir de la base ESME, quatre études présentent des posters.
    • La première a évalué, chez les patients atteints d’un carcinome ovarien de stade IV de haut grade, le rôle de la chirurgie et a confirmé le bénéfice de la chirurgie péritonéale chez ces patientes sur la survie sans progression et la survie globale, en particulier chez les patientes présentant une charge tumorale initiale faible, préférentiellement éligibles à une chirurgie primaire.
    • La seconde est une étude rétrospective : elle a évalué, chez les patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules de la base ESME, l’impact sur le pronostic de l’arrêt des traitements par immune checkpoint inhibitor suite à un effet indésirable. Cette étude a montré que 11 % de ces patients ont arrêté leur première ligne de traitement par ICI en raison de la toxicité, sans impact significatif sur la survie globale. Des analyses complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les stratégie de traitement et les facteurs pronostiques de réponse.
    • Une troisième étude évalue, sur les patients de la base ESME traités pour un cancer du sein métastatique, la survie globale par sous-types (récepteurs hormonaux positifs, HER2-négatifs, HER2+ et triple négatif) de l’ensemble des plus de 33 000 patients de la cohorte. Pour la première fois en 17 ans, la survie globale de ces patients s’est considérablement améliorée dans les trois sous-types, avec un effet plus précoce et plus prononcé dans les HER2+ que dans les HR+/HER2- et triple négatif.
    • Une autre étude rétrospective, menée sur les patients de la base ESME traité pour un cancer du sein métastatique HR+/HER2- par endocrinothérapie  ± CDK4/6 inhibiteur en première ligne suivi d’une seconde ligne de traitement, décrit les schémas de traitement, le temps jusqu’à progression et la survie après progression après CDK4/6 inhibiteur. Elle compare aussi l’efficacité de la chimiothérapie entre les patients exposés à CDK4/6 inhibiteur et ceux naïfs de CDK4/6 inhibiteur.
    • Enfin, la dernière étude, rétrospective et menée sur les patients de la base ESME, évalue l’efficacité en survie globale et en survie sans progression de la maladie, l’effet des immune checkpoint inhibitor en première ligne de traitement chez des patients atteints d’un cancer du poumon dépendant d’un oncogène de stade IV. Elle examine également l’impact du statut tabagique sur l’efficacité des immune checkpoint inhibitor dans cette cohorte de patients.

Présentations et posters des CLCC

Centre Léon Bérard

  • 17/10/2025 – 17h03 – Le Dr Armelle Dufresne, oncologue médicale spécialiste des sarcomes, présentera les résultats de l’étude COTESARC, promue par le Centre Léon Bérard. Il s’agit d’une étude multicentrique, ouverte, de phase I-II évaluant la combinaison d’inhibiteurs de MEK et de PD-L1 chez des patients atteints de sarcomes des tissus mous avancés.
  • 18/10/2025 – 15h – En session « Challenge your expert », le Dr Armelle Dufresne interviendra sur le séquençage de nouvelle génération chez les patients atteints de sarcome : qui, quand et pourquoi ?
  • 18/10/2025 – 16h30 – La Pr Isabelle Ray-Coquard, oncologue médicale spécialiste des cancers rares de l’ovaire, participe à la Session présidentielle, en réaction à la présentation précédente sur des combinaisons de traitement dans les cancers de l’ovaire (étude ENGOT-ov65/KEYNOTE-B9).
  • 18/10/2025 – 16h30 – Le Dr Loïc Verlingue, médecin chercheur spécialiste des essais cliniques de phase précoce, participera à une session orale sur la thématique « Transformer les données de recherche en temps réel grâce à l’IA : l’avenir des soins contre le cancer et les données ».
  • 19/10/2025 – 15h45 – La Pr Isabelle Ray-Coquard, oncologue médicale spécialiste des cancers rares de l’ovaire, présentera l’analyse principale de la phase 2 de l’étude REJOICE-Ovarian01 visant à optimiser la dose de la molécule raludotatug-déruxtecan chez des patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire résistant au platine.
  • 19/10/2025 – 17h10 – Le Dr Mehdi Brahmi, oncologue médical spécialiste des sarcomes, présentera les résultats finaux de l’étude RAR-IMMUNE. Il s’agit d’une étude de phase 3 randomisée évaluant l’efficacité de l’immunothérapie dans les sous-types rares de sarcomes en comparaison au pazopanib, inhibiteur de la tyrosine-kinase, notamment des récepteurs du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGFR) utilisé dans les traitements de seconde ligne de ces tumeurs rares.

En savoir plus et voir la liste des posters présentés par des membres du Centre Léon Bérard : https://www.centreleonberard.fr/institution/actualites/esmo-2025-les-experts-du-centre-leon-berard-sont-berlin

Centre François Baclesse

  • 17/10/2025 – 16h50
    Proffered Paper session: Supportive and palliative care
    2802O – Home-based supervised physical activity (SPA) for metastatic cancer patients receiving oral targeted therapy: the AFSOS-Unicancer QUALIOR randomized phase 3 Study, par Florence Joly Lobbedez (Caen, France)
  • 20/10/2025 – 8h30
    Mini Oral session: CNS tumours
    662MO – Phase 1/2a study of concomitant radiotherapy with olaparib and temozolomide (TMZ) in unresectable high-grade gliomas patients (pts) – Results from the phase 2a (OLA-TMZ-RTE-01), par Dlnu Stefan (Caen, France)
  • Les équipes du centre présentent également plusieurs posters :
    • 2911TiP – Cog-Stim2: Remotely supervised computerized cognitive stimulation to reduce post-chemotherapy cognitive difficulties in patients treated for localized breast cancer: An ongoing phase III trial (Florence Joly Lobbedez)
    • 467P – Pre-therapeutic neutrophil-to-lymphocyte ratio as prognostic factor in locally advanced or metastatic breast cancer treated with cyclin dependent kinase 4/6 inhibitors in first line: PEPSI study (Louis Boismoreau)
    • 2415P – Access to 177LuPSMA-617 in metastatic castration-resistant prostate cancer (mCRPC) in France: comparative analysis with cabazitaxel using national hospital data (Elske Quak)
    • Parcours-Tox, impact of monitoring by a nurse navigator on the management of gynecological cancer patients treated with intravenous systemic treatment (Florence Joly Lobbedez)
Pour aller plus loin

L’ESMO remet aussi un prix prestigieux au professeur Thierry Conroy

Thierry Conroy, une vie en partage

Figure majeure de l’oncologie digestive, Thierry Conroy a fait de la recherche collective son moteur. Il rejoint aujourd’hui le cercle restreint des Français distingués par l’European Society for Medical Oncology.

Thierry Conroy, lors de la célébration des 80 ans de l’ordonnance fondatrice des Centres de lutte contre le cancer, le 1er octobre 2025.

Il a l’allure de ceux qui ne cherchent pas à impressionner. Silhouette sobre, ses lunettes aux montures transparentes laissent toute la place à un regard gris pénétrant, concentré. Ses cheveux blancs trahissent l’expérience accumulée. Patiemment, parfois par hasard, Thierry Conroy a construit une œuvre durable, fondée sur l’importance de transmettre et de faire ensemble – aujourd’hui reconnue par l’ESMO (voir encadré).

Cette idée du service rendu, il la porte en lui depuis l’enfance. Une douzaine de médecins dans la famille, des lectures marquantes – Georges Duhamel et son héros Laurent Pasquier, tous deux médecins –, une vocation forgée à la croisée du roman et de la tradition. Rien ne le destinait spécifiquement à la recherche : il voulait être clinicien, résoudre des énigmes médicales au chevet des patients. Il cherchait « une mission, plus qu’une profession ». C’est le hasard des postes, les opportunités saisies au bon moment, qui l’ont conduit à devenir l’un des architectes de la cancérologie digestive française.

Un parcours façonné par le hasard

Pour pouvoir rester en Lorraine, proche de sa famille, Thierry Conroy multiplie les spécialités, masters et certificats qui pourraient lui ouvrir des portes : hématologie, gastro-entérologie, pneumologie, médecine interne… C’est finalement à l’Institut de cancérologie de Lorraine (ICL, alors Centre Alexis Vautrin) qu’une occasion se présente : à 30 ans, Thierry Conroy y devient endoscopiste pour le poumon et l’appareil digestif, et prend en charge les cas difficiles de médecine interne. « Le modèle du Centre de lutte contre le cancer, avec cette quadruple mission de prévention/dépistage, soins, enseignement et recherche, m’a tout de suite parfaitement convenu. », résume simplement le professeur.

Peu à peu, il se découvre une vocation d’oncologue – et obtient un nouveau master dédié en 1986. L’oncologie digestive s’impose comme son territoire, à la fois logique pour l’homme et inédit alors pour le Centre qui l’emploie.

Rapidement, il participe à la construction d’un enseignement pour le nouveau diplôme commun d’oncologie médicale et radiothérapie dans l’inter-région Grand-Est/Bourgogne-Franche-Comté. « J’ai enseigné pendant 5 ans et je suis devenu oncologue médical par équivalence, en obtenant le diplôme dont j’étais enseignant, en même temps que les premiers diplômés en 1993. », raconte-t-il, l’air de ne pas trouver cela extraordinaire.

En parallèle, il s’investit dans des recherches sur la qualité de vie au sein de l’organisation européenne EORTC[1] dès 1993 et coordonne la validation de plusieurs questionnaires de qualité de vie ou de satisfaction afin d’évaluer des parcours de soins. Un sujet qu’il traite encore aujourd’hui et considère « un de [ses] grands axes de de recherche ».

Une vision collective de la recherche

Parmi d’autres formes de partage des connaissances, le professeur a aussi contribué au programme “Standards, Options, Recommandations” (SOR) lancé par la Fédération des centres de lutte contre le cancer (qui ne s’appelait pas encore Unicancer), en lien avec l’ensemble des CHU, à la fin des années 1990. Ces premiers ouvrages français de médecine fondée sur les preuves visaient à doter la cancérologie d’outils méthodologiques solides. Une « étape importante » pour la structuration de la discipline, selon Thierry Conroy pour qui « ces recommandations ont été un élément clé pour se réunir, connaître les collègues dans toute la France et disposer d’une base scientifique claire pour définir les standards et les actualiser, mais aussi pour identifier les zones d’ombre où la recherche doit s’engager ».

L’ouverture vers les autres, pour produire ensemble mieux que tout seul, revient souvent dans ses propos. « L’union fait la force. », répète-t-il comme un fil conducteur. Que ce soit pour le soin des patients, pour l’enseignement ou pour la recherche. C’est ainsi qu’il s’investit d’abord dans le groupe de recherche Unicancer sur les tumeurs digestives – moyen de « développer une véritable recherche française en cancérologie digestive » en impliquant l’ensemble des CLCC – puis dans l’intergroupe français PRODIGE qu’il cofonde en 2006 et a co-dirigé pendant 3 ans. Ce « partenariat de recherche en oncologie digestive » est « multidisciplinaire, coopératif et inclut l’ensemble des acteurs académiques, explique Thierry Conroy. En mettant en commun nos ressources et nos patients, nous parvenons à réaliser de grands essais thérapeutiques en études randomisées. ».

Avec ces groupes, il bâtit des essais cliniques d’ampleur, rivalisant avec ceux de l’industrie pharmaceutique, mais fondés sur une logique différente : explorer ce que l’industrie ne finance pas, poser d’autres questions, tester des associations de médicaments génériques qui coûtent quelques euros seulement. L’exemple le plus éclatant : le protocole FOLFIRINOX, combinaison de quatre molécules anciennes mais efficaces, qui augmente significativement la survie pour les patients atteints de cancers du pancréas ou du rectum, pour qui ce traitement est souvent devenu un standard thérapeutique.

Quand le médecin devient passeur d’histoire

En devenant directeur général de l’ICL début 2012 puis vice-président d’Unicancer de 2019 à 2022, Thierry Conroy porte encore plus haut la coopération académique. « Les Centres de lutte contre le cancer sont performants et gardent aujourd’hui une place importante du fait de leur structuration en réseau et de cette forte culture de la coopération. », affirme-t-il. De ce passage à la direction de la fédération, il retient la vision d’ensemble que cela lui a donné sur les développements menés dans les centres – utile pour préparer des projets communs afin « d’essayer toujours d’avoir un temps d’avance » – et les rencontres avec « des hommes et femmes politiques de valeur, motivés ». De nouveau, c’est le « faire ensemble » qui résonne.

Aujourd’hui, à 71 ans, il a quitté la direction de l’Institut de cancérologie de Lorraine et son statut de professeur actif. Mais il n’a pas déserté le champ : il termine ses dernières études cliniques et, s’autorisant un pas de côté, s’attelle désormais à écrire l’histoire de la cancérologie. Devenu historien de sa propre spécialité, il fouille les archives, redonne une mémoire aux pionniers, retrace la construction d’une discipline qui a toujours reposé, souligne-t-il, sur la pluridisciplinarité et tisse, encore, des récits de coopération.

Le 17 octobre prochain, Thierry Conroy recevra à Berlin le prix ESMO[2] – l’une des plus hautes distinctions européennes en oncologie – pour « son engagement remarquable dans les avancées en oncologie et pour son soutien aux professionnels de la discipline tout au long de leur parcours ». « La plupart des études que j’ai menées et qui sont reconnues aujourd’hui par l’ESMO ont été conduites au sein du groupe PRODIGE et promues par Unicancer. », précise-t-il.

Cinquième Français distingué depuis 1985, il se réjouit de voir mise en avant « la recherche académique multicentrique française » et la participation des patients, des familles, des statisticiens, des équipes de recherche et des membres d’Unicancer. « C’est un prix que je partage. », insiste-t-il, fidèle à sa ligne.

Le prix ESMO, une reconnaissance par les pairs
L’European Society for Medical Oncology (ESMO) remet chaque année quatre prix célébrant une contribution remarquable en recherche translationnelle, le soutien apporté aux carrières féminines dans le domaine, une carrière d’exception en oncologie, et le prix le plus prestigieux pour un membre de l’ESMO qui a apporté une contribution exceptionnelle à l’oncologie médicale. C’est cette dernière distinction qui sera remise au Professeur Thierry Conroy, qui, au-delà de plus de 300 articles de référence dans des revues internationales, a notamment coordonné depuis 2021 le référentiel de pratique clinique de l’ESMO pour le traitement du cancer du pancréas.
Ce prix résulte des suggestions d’un vote anonyme des 40 000 membres de l’ESMO qui a eu lieu en février et mars 2025. Un comité de nomination de 7 membres a ensuite fait un choix parmi les propositions des votants. La remise des prix aura lieu à Berlin, lors de la cérémonie d’ouverture du Congrès de l’ESMO 2025, le vendredi 17 octobre.

[1] European Organisation for Research and Treatment of Cancer.

[2] European Society For Medical Oncology.

Publication du Rapport d'Activité 2023 de l'IUCT-Oncopole

L’IUCT-Oncopole, une expertise collective pour lutter contre le cancer

L’année 2023 a été une période de progrès et de réussites significatives pour l’Oncopole. Les équipes, animées par un dévouement sans faille, ont continué à repousser les frontières de la recherche et de l’innovation dans la lutte contre le cancer. Ce rapport d’activité témoigne des avancées majeures réalisées dans divers domaines de l’oncologie, reflétant leur engagement envers l’amélioration des soins aux patients, la recherche de nouvelles thérapies et la sensibilisation du public.

Ce rapport d’activité présente non seulement les résultats des travaux, mais aussi les histoires de persévérance des équipes de l’Oncopole. Il met en lumière les projets innovants qui ont vu le jour, les partenariats fructueux et les avancées scientifiques qui font de ce centre de lutte contre le cancer un acteur de premier plan dans le domaine de l’oncologie.

Les efforts collectifs et interdisciplinaires des équipes de l’Oncopole de Toulouse ont porté leurs fruits, comme en témoignent les nombreux projets de recherche couronnés de succès, les essais cliniques prometteurs et les campagnes de sensibilisation qui ont marqué cette année. Grâce à la collaboration étroite entre chercheurs, cliniciens et partenaires, de nouvelles approches thérapeutiques ont pu être explorer afin d’améliorer les techniques de diagnostic et offrir une meilleure qualité de vie aux patients.

Ensemble, depuis 10 ans sur ce site d’innovation unique en France, l’IUCT-Oncopole continue à œuvrer pour un avenir où le cancer sera diagnostiqué au plus tôt, mieux traité, et, un jour, vaincu.

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