Face aux enjeux environnementaux, Unicancer formalise les actions menées à l’échelle du réseau, avec une charte d’engagement et des objectifs d’achats responsables.
L’objectif est clair : faire du développement durable un levier structurant de transformation du modèle hospitalier en cancérologie, en cohérence avec les grandes orientations de la planification écologique et de la stratégie nationale de santé (voir chiffre-clé), et sans compromis sur l’exigence de qualité des soins, de recherche ou d’innovation. Pour cela, le réseau Unicancer a adopté plusieurs mesures en 2025.
Tout d’abord, il a établi, en janvier 2025, une charte d’engagement en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), qui a été signée par l’ensemble des Centres de lutte contre le cancer (CLCC). « Cette charte constitue une étape structurante, indique Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer. Si nos centres ont, pour beaucoup, engagé des démarches volontaires de long terme (voir encadré), il manquait un référentiel partagé pour affirmer une ambition commune et donner de la lisibilité à notre action. »
Un cadre d’action commun autour de quatre priorités
Ce cadre vise à renforcer les politiques RSE à l’échelle de chaque établissement, tout en favorisant une dynamique commune. Quatre axes stratégiques ont été déterminés pour guider les centres dans la durée :
1. Identifier et évaluer les risques environnementaux et sociaux ;
2. Mesurer les impacts et en limiter les effets négatifs ;
3. Adapter les infrastructures, les organisations et les pratiques professionnelles ;
4. Sensibiliser, prévenir, incarner.
La mobilisation des professionnels constitue un « levier central » dans la mise en œuvre de la charte, assure Sandrine Boucher, directrice de la stratégie médicale et de la performance d’Unicancer : « Les fortes attentes dans ce domaine, qui existent aussi bien chez les patients que chez nos salariés, nous obligent collectivement. En tant qu’établissements de santé, nous avons de vrais leviers pour promouvoir les pratiques éco-responsables. »
Une dynamique largement portée par les professionnels
Ainsi, la charte concerne l’ensemble des fonctions hospitalières : équipes médico-soignantes, fonctions techniques, logistiques, achats, biomédicales et administratives. Une enquête interne, menée en mars 2025 auprès de 2 750 salariés du réseau, révèle en effet que 90 % d’entre eux considèrent prioritaire la décarbonation du secteur de la santé, et que plus d’un sur deux estiment que les établissements doivent jouer un rôle moteur dans la transition environnementale.
Ces attentes font écho à des leviers de transformation multiples, comme le souligne la directrice : « Outre la réglementation, les tensions financières du secteur, qui contraignent à faire des économies, sont un puissant moteur poussant vers des pratiques utilisant moins de ressources. »
Mais « la transition ne peut être portée uniquement par des objectifs nationaux. Elle suppose une appropriation par les équipes et une organisation adaptée à chaque réalité de terrain. », rappelle Hélène Moussu, cheffe de projet Parcours de soins chez Unicancer.
| Des initiatives concrètes et reproductibles Dès 2017, Unicancer et les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) ont signé une Convention développement durable. Plusieurs membres du réseau ont depuis lancé des initiatives concrètes en matière de RSE, dont les autres centres pourraient s’inspirer. Par exemple, à Lyon, le Centre Léon Bérard est certifié ISO 14001 depuis 2011. Il a notamment raccordé ses bâtiments au chauffage urbain, instauré une prime mobilité douce, et mis en place le traitement in situ des déchets infectieux, une première en France dans le secteur hospitalier. À Villejuif, le collectif GreenBiopath, né en 2023 à Gustave Roussy, mobilise les équipes de biologie médicale autour de pratiques écoresponsables : réduction des consommables, recyclage, réutilisation de matériel, limitation des prescriptions non pertinentes. Il vise désormais une diffusion nationale, via la création d’un collectif et l’élaboration de recommandations partagées. À Clermont-Ferrand, le Centre Jean Perrin a développé ECO-3DPRINT-RT, un projet d’impression 3D de dispositifs sur mesure (bolus) en radiothérapie, permettant une adaptation fine du traitement et une réduction significative de l’empreinte carbone. Ce projet a reçu le Prix Innovation Unicancer 2024 dans la catégorie “soins éco-responsables”. |
Pour soutenir cette dynamique et structurer les démarches dans la durée, Unicancer mettra à disposition des établissements, début 2026, un outil d’autodiagnostic fondé sur les axes de la charte. Ce questionnaire permettra à chaque centre de situer son niveau d’engagement, d’identifier ses marges de progression, mais aussi de repérer les actions les plus abouties mises en œuvre ailleurs dans le réseau.
L’outil jouera ainsi un double rôle : accompagner le pilotage local et favoriser la diffusion des bonnes pratiques. En valorisant les démarches exemplaires, il contribuera à renforcer l’effet réseau et à encourager la réplication des initiatives les plus pertinentes à l’échelle nationale.
Les achats responsables comme levier structurant
Deuxième mesure clé engagée par Unicancer en 2025 : le réseau a publié en juin son premier Schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER), destiné aux directions des établissements. Celui-ci vise à renforcer l’impact territorial des achats (soutien aux filières locales, circuits courts, économie sociale et solidaire) et à intégrer des critères sociaux (clauses d’insertion, égalité professionnelle, accessibilité), tout en réduisant l’empreinte environnementale des centres (via de l’éco-conception, du réemploi, de la sobriété). À horizon 2026, Unicancer fixe deux objectifs opérationnels : 20 % d’achats issus du réemploi et 30 % de marchés intégrant une clause sociale.
En structurant une démarche partagée à l’échelle du réseau, « Unicancer fait le choix d’inscrire durablement la cancérologie dans la transition du système de santé, en conciliant excellence médicale, responsabilité sociale et impératif environnemental », conclut Sophie Beaupère.