Suite aux mesures annoncées par Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités, en clôture du Ségur de la Santé, Unicancer se félicite des avancées majeures portées par la réforme du système de santé en matière de ressources humaines et de financement et salue la définition d’une stratégie de santé pluriannuelle, axée sur la médicalisation, la territorialisation et la simplification de la gouvernance.

Revaloriser les salaires du personnel médical des CLCC

Pour revaloriser les professionnels de santé et renforcer l’attractivité de l’hôpital, le ministre de la santé a annoncé une enveloppe de 8,3 milliards d’euros et des mesures fortes en matière de politique sociale (aménagement du temps de travail, formation, recrutements, etc.). En tant qu’établissements hospitalo-universitaires d’intérêt collectif, les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) sont au cœur du service public de santé et rencontrent avec une grande acuité toutes les problématiques sociales révélées par la crise du Covid-19, au même titre que l’hôpital public. Unicancer salue les revalorisations salariales du personnel non médical mais rappelle son inquiétude concernant la rémunération du personnel médical des CLCC et l’importance de garantir une égalité de traitement entre les établissements de santé relevant du service public hospitalier.

« Nous nous inquiétons que les revalorisations salariales du personnel médical ne s’appliquent pas aux CLCC alors que nos médecins réalisent une activité de service public exclusif sans activité libérale. L’attractivité des CLCC serait pénalisée par cette mesure si elle était uniquement destinée aux hôpitaux publics » déclare Jean-Yves Blay, président d’Unicancer.

Augmenter les crédits MERRI au même rythme que l’ONDAM

Unicancer accueille positivement les propositions du gouvernement concernant la réforme du financement (diminution de la part T2A), les aides à l’investissement et la reprise de dettes. « Les réflexions sur la pertinence, l’innovation et le pilotage pluriannuel de l’ONDAM sont des orientations favorables tout comme la revalorisation de la dotation MERRI à hauteur de 50 millions d’euros par an (soit 400 M€ sur la période 2021-2028) » indique Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer. Les enveloppes d’investissement permettront notamment d’impulser une modernisation nécessaire des outils numériques et du système d’information hospitalier que la Fédération appelle de ses vœux pour favoriser l’accès aux soins, coordonner les acteurs, faciliter le quotidien de travail des soignants et fluidifier les parcours de soins.

Fort de son rôle central dans la recherche médicale française, Unicancer porte des propositions visant à renforcer le dynamisme et l’excellence de la recherche française en cancérologie, notamment en renforçant les liens entre CLCC et Universités.

Impliquer les acteurs locaux, les élus et les patients dans la gouvernance stratégique et lutter contre les inégalités d’accès aux soins

Lors de son discours de clôture, le Ministre de la santé a confirmé sa volonté de « s’appuyer sur les territoires, en dotant chaque région d’une gouvernance stratégique de réduction des inégalités, avec des élus, des associations, des usagers, qui s’appuieront sur un comité scientifique ». Plusieurs mesures issues du Ségur visent à fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers, notamment pour améliorer l’accès aux soins non programmés par le développement d’un exercice coordonné. La conjugaison entre médicalisation de la gouvernance et territorialisation permettra d’apporter des réponses concrètes aux problématiques sanitaires. La territorialisation des décisions d’investissement en santé, auxquelles seront étroitement associés les élus locaux, est une évolution très positive.

Par ailleurs, la volonté de mieux associer les soignants et les usagers à la vie de l’hôpital, et plus globalement à la gouvernance en santé, fait également écho aux propositions portées depuis des années par les CLCC, qui leurs confèrent déjà une place centrale dans la prise en charge, la décision institutionnelle et dans l’organisation des parcours.

Les mesures annoncées visant à développer la télémédecine (les téléconsultations prises en charge à 100% de manière pérenne) et à réduire les inégalités d’accès aux soins sont à saluer mais nécessitent d’être traduites concrètement et approfondies. Les CLCC proposent par exemple de créer des plateformes régionales de prévention, de poursuivre la stratégie de gradation des soins et d’accélérer la politique de rehaussement des seuils d’autorisation en cancérologie pour faciliter l’accès de tous aux centres de référence.

D’autres solutions pourraient être envisagées comme la généralisation des outils de suivi des patients entre professionnels de santé, dans une logique de parcours de soins, avec une interopérabilité des systèmes d’information et des financements dédiés. La création d’équipes territoriales de soins de support, sur le modèle des Equipes Mobiles de Soins Palliatifs pourrait apporter une réponse pertinente aux inégalités d’accès.

Faire de la prévention une priorité de Santé Publique

En conclusion du Ségur, Olivier Véran défend l’idée selon laquelle les soins et la prévention doivent former un continuum. Unicancer souscrit pleinement à cette idée et appelle à faire de la prévention une priorité de Santé Publique, notamment via la mise en œuvre d’un plan national ambitieux.

Les CLCC jouent un rôle central dans la politique de prévention des cancers et sont investis d’une mission de prévention et de promotion du dépistage sur leur territoire. Dans sa contribution à la stratégie décennale de cancérologie, Unicancer propose un ensemble de mesures urgentes permettant d’améliorer significativement la prévention et le dépistage, comme l’exploitation des ressources de l’intelligence artificielle et de la réalité virtuelle, le développement d’un maillage territorial des centres de préventions, le dépistage des facteurs environnementaux, la prise en charge des formes familiales de cancer et le renforcement des recommandations concernant l’alcool et le tabac.

Si la conclusion du Ségur apporte des réponses fortes aux attentes exprimées et entame un processus de transformation en profondeur de notre système de santé, Unicancer restera vigilant quant à la mise en œuvre des objectifs fixés, qui devra notamment garantir une égalité de traitement entre tous les acteurs relevant du service public hospitalier.

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