Les résultats de l’étude PEACE-1 montrent qu’ajouter une hormonothérapie de nouvelle génération à la prise en charge classique des patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique et hormono-dépendant permet de gagner deux ans et demi sans rechute de la maladie et de réduire de 25% le risque de décès. PEACE-1 est la première étude comparative et multicentrique de phase III à avoir évalué l’efficacité et l’innocuité de la combinaison de trois médicaments : hormonothérapie de nouvelle génération (abiratérone) + hormonothérapie classique + docetaxel. Promue par Unicancer, coordonnée par le Pr Karim Fizazi, oncologue à Gustave Roussy et conduite en France par le Groupe d’Etude des Tumeurs Uro-Génitales (GETUG), cette grande étude européenne vient d’être publiée dans The Lancet

Avec plus de 50 000 nouveaux cas par an en France, le cancer de la prostate est le plus fréquent cancer chez l’homme. Il représente également la 3e cause de décès par cancer. Près de 10 % des cancers de la prostate hormono-sensibles sont diagnostiqués à un stade métastatique plus agressif, engendrant un mauvais pronostic pour les patients.

Le traitement standard du cancer de la prostate métastatique hormono-sensible a longtemps reposé sur l’utilisation de médicaments d’hormonothérapie classique visant à empêcher la fabrication de la testostérone (suppression androgénique). Depuis 2015, après plusieurs décennies sans réels progrès pour ces patients, l’addition de plusieurs traitements a amélioré le pronostic des hommes atteints de cette pathologie. L’utilisation concomitante d’hormonothérapies de nouvelle génération (acétate d’abiraterone, apalutamide, enzalutamide) ou de la chimiothérapie par docetaxel a changé la donne. En 2018, la radiothérapie a également renforcé l’arsenal thérapeutique et permis une intensification des traitements dans ces tumeurs agressives. L’objectif de PEACE-1 était d’évaluer le bénéfice de la combinaison de ces différents traitements.

Réduction de 50 % du risque de rechute et de 25 % du risque de décès

Conduite par un consortium européen entre 2013 et 2018, PEACE-1 est une étude ouverte multicentrique et randomisée de phase 3 menée en lien avec 77 sites de 7 pays (France, Belgique, Irlande, Suisse, Italie, Roumanie, Espagne) et à laquelle1 173 patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique dès le diagnostic ont participé.

Elle visait à évaluer l’efficacité et l’innocuité de trois médicaments associés entre eux au sein d’un protocole thérapeutique : l’abiraterone (traitement hormonal de nouvelle génération), en plus du traitement standard comportant une hormonothérapie conventionnelle, seule ou combinée à une chimiothérapie par docetaxel, avec ou sans radiothérapie. Les patients ont été assignés de façon aléatoire dans l’un des groupes.

L’étude PEACE-1 a comparé les bénéfices cliniques à partir d’un suivi moyen de 42 mois en se basant sur deux critères principaux : la survie sans progression de la maladie et la survie globale. 

Les résultats publiés dans la revue The Lancet, indiquent un gain de deux ans et demi sans rechute (4,5 ans au lieu de 2 ans) correspondant à une diminution du risque de rechute de 50 % pour le groupe ayant reçu la triple association (abiraterone + hormonothérapie classique + docetaxel). Le risque de décès était également diminué de 25 %au prix d’une tolérance quasi inchangée par rapport à la double association (sans abiraterone).

« Cette étude est la première à montrer qu’une triple thérapie incluant un traitement standard d’hormonothérapie, de chimiothérapie et un inhibiteur de la voie de signalisation androgénique (abiraterone) augmente la survie sans progression de la maladie et la survie globale des patients atteints de cancers de la prostate métastatiques, au prix d’une tolérance finalement peu différente de la bi-thérapie » se réjouit le Pr Fizazi. Cette combinaison thérapeutique va devenir le nouveau standard de traitement chez les hommes atteints de cancers de la prostate métastatiques en capacité de recevoir une chimiothérapie.