Paris, le 17 avril 2020 – Face au COVID-19 et aux tensions extrêmes qu’il fait peser sur notre système de soins, comment éviter des retards de prise en charge qui seraient très dommageables pour les patients atteints de cancer ?

Dans ce contexte inédit, le réseau Unicancer, qui réunit les 18 Centres de lutte contre le cancer (CLCC) en France, mobilise depuis plusieurs semaines son expertise pour assurer la continuité des soins tout en garantissant la sécurité des patients et de l’ensemble des personnels. Ce travail est conduit en lien étroit avec les établissements de santé partenaires et les professionnels libéraux.

Des informations cancer et COVID-19 ont été diffusées via l’ensemble des canaux d’information (sites internet des CLCC, réseaux sociaux, applications dédiée…). De même, de nombreuses actions de formation dédiées ont été initiées et réalisées auprès des personnels.

Dans le domaine de la recherche COVID19 et cancer, Unicancer et les CLCC ont construit et initié dans des délais record plusieurs essais cliniques dédiés aux patients atteints de cancer et affectés par le COVID-19.

Les CLCC ont aussi des patients COVID-19 non atteints de cancer dans les régions très touchées afin de délester les établissements hospitaliers en première ligne dans la gestion de l’épidémie et pour assurer la continuité des soins. L’objectif d’Unicancer est de limiter au maximum l’impact de la crise sur l’état de santé des patients atteints de cancer. En effet depuis le début de la crise, les consultations diagnostiques baissent, ce qui laisse à craindre un risque de retard dans la prise en charge qui devrait être générateur d’un effet « rebond » d’activité en cancérologie, et possiblement de perte de chances de guérisons liées au retard diagnostiques et thérapeutiques.

 

Protéger, rassurer et informer les patients 

Le réseau Unicancer a en priorité organisé le maintien des soins curatifs urgents et indispensables pour les patients récemment diagnostiqués ou en cours de traitement.

Certaines activités ont été reprogrammées lorsqu’il n’y avait pas de risque pour la prise en charge. Alors que les patients traités pour un cancer sont beaucoup plus à risque de complications face au COVID-19, Unicancer a déployé ses efforts pour limiter les déplacements et favoriser l’hospitalisation et les soins à domicile (téléconsultations, chimiothérapies orales, hospitalisation à domicile…).

« Aujourd’hui, nous avons deux contraintes : nos patients sont plus à risque de forme sévère du COVID19 et, si on décale le traitement oncologique, l’impact est immédiat. L’enjeu pour eux, est d’éviter les pertes de chance. Il est nécessaire qu’ils soient pris en charge aussi vite que possible. C’est pourquoi nous mettons tout en œuvre pour assurer la continuité de leurs soins et les protéger face au virus », explique le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer.

Des rubriques dédiées avec des vidéos questions-réponses ont été mises en ligne sur les sites internet des Centres pour informer, rassurer les patients sur les conditions de prise en charge pendant l’épidémie, et rappeler les consignes sanitaires. Des solutions dédiées (hotlines, sites d’informations) ont été développées pour orienter les patients et leurs proches en temps réel grâce à des numéros d’appels et des adresses électroniques dédiés ou par le biais d’envoi de sms.

Enfin l’hashtag « # CanceretCOVID19 » a été créé pour qu’ils puissent suivre toutes ces données sur les réseaux sociaux.

Soutenir les professionnels 

Parallèlement, le réseau Unicancer s’est engagé pour la protection de ses personnels soignants et non soignants afin qu’ils puissent exercer leur activité en toute sécurité.

« Plusieurs types d’aménagements ont été mis en place pour permettre aux salariés des Centres de faire face à cette situation inédite : généralisation du port de masques pour les professionnels, diffusion de lettres internes sur les dispositifs mis en place dans le cadre du COVID-19, mise en place de dispositifs de soutien psychologique » précise Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer.

Une coordination étroite avec l’ensemble des acteurs du monde sanitaire

Dans l’ensemble des territoires, notamment les plus touchés, l’action des CLCC s’est inscrite en lien avec tous des acteurs du monde sanitaire, en coordination étroite avec les établissements publics, les professionnels libéraux et en constante interaction avec les ARS. Le réseau Unicancer s’est ainsi mobilisé pour apporter son soutien à d’autres CLCC et aux autres établissements hospitaliers qui en avaient besoin au travers de fourniture de matériel, de mise à disposition de personnel.

Afin de faire face à la saturation des capacités de réanimation et d’hospitalisation en Ile de France, Gustave Roussy et l’Institut Curie ont dû gérer une situation inédite en accueillant 187 patients COVID19 pour Gustave Roussy et 218 pour l’Institut Curie dont des patients n’ayant pas de cancer.

Unicancer au cœur de la recherche COVID-19 et cancer

En France, le réseau Unicancer est un acteur clé de la recherche sur le cancer et le COVID-19.

« Plusieurs études* tendent à démontrer que les patients atteints de cancer ont beaucoup plus de risques de développer une forme sévère du COVID-19. Aussi, nous avons mis en place au sein des CLCC plusieurs études et essais cliniques afin d’évaluer l’impact du virus et des mesures imposées par la crise sur ces patients et d’optimiser leur prise en charge et leur traitement » commente le Pr Blay.

Incluant l’ensemble des Centres du réseau et de nombreux centres hospitaliers, ONCOVID-19, une étude observationnelle qui a déjà inclus plus d’une centaine de patients en fait partie. Cette étude a pour but de recueillir le plus de données possibles sur la maladie déclenchée par ce coronavirus chez les patients atteints de cancer afin d’évaluer le risque de complications dues à l’infection par ce virus sur cette population en particulier.

Mis en place plus récemment, l’essai randomisé multicentrique académique ONCOVID-20, a pour but de comparer l’efficacité de trois traitements contre le COVID-19 chez des patients atteints de cancer : un dérivé de la chloroquine (GNS651) l’immunothérapie anti-PD-1 nivolumab ; et l’anti-IL-6 tocilizumab. Cet essai modulable prévoit l’introduction de nouveaux bras d’immunothérapie dans les semaines à venir.

SCANcovPCR : étude pilotée par Gustave Roussy qui vise à évaluer les performances diagnostiques du scanner thoracique en cas de discordance entre un tableau clinique évocateur de COVID-19 et un test RT-PCR négatif, dans une population de patients en oncologie et en oncohématologie. L’essai CORIMMUNO-19 en lien avec l’AP-HP promoteur, et à laquelle s’est joint Gustave Roussy, est destinée à évaluer les traitements d’immunothérapie présentant le meilleur bénéfice/risque pour les personnes hospitalisées pour un COVID-19. En particulier, le tocilizumab et le sarilumab, deux inhibiteurs d’interleukine 6. 3

L’essai de phase II testant l’efficacité du LEAF-4L7520 chez des patients sous détresse respiratoire atteints du COVID-19 piloté par le Centre Paul Strauss et l’ICANS de Strasbourg (Pr Xavier Pivot).

L’étude EVIDENCE, « Sérodiagnostic COVID-19 et retour aux pratiques de soins normales en cancérologie » pilotée par la R&D d’Unicancer avec l’Institut Curie a pour objectif de déterminer la capacité des sérodiagnostics positifs à prédire l’absence de survenue d’un nouvel épisode symptomatique attribuable au virus SARS-CoV-2 et donc de proposer le retour à la pratique courante de soins pour les personnes testées positives en limitant le risque tout à la fois pour ces personnes et pour les personnels hospitaliers et les accompagnants.

Anticiper au maximum la fin du confinement et « l’effet rebond » afin de donner les meilleures chances aux patients atteints de cancer

Les interventions et tous les traitements urgents ont été maintenus dans les CLCC en prenant les précautions ad hoc pour sécuriser la prise en charge des patients atteints de cancer. Les patients atteints du cancer et du COVID-19 font par ailleurs l’objet d’une prise en charge dédiée dans des secteurs réservés et la plupart sont à domicile.

« La plupart des études cliniques réalisées, par exemple pour les cancers du sein, de l’ovaire, ORL et du sarcome font état d’un risque accru de rechute et de mortalité de 20% par mois de perdu dans la prise en charge », précise le Professeur Blay.

Cependant le nombre de consultations diagnostiques diminuent et cela laisse à penser que certains patients attendent à domicile. Or, il convient de les encourager à se rendre dans leur hôpital. Un rebond d’activité de 20 à 30% à la fin du confinement est attendu et les CLCC se mobilisent en ce sens.

« J’ai conscience que c’est un effort important à fournir pour les professionnels déjà fortement mobilisés et qui ont fait preuve d’un courage et dévouement remarquable, nous veillerons cependant à être au rdv pour donner les meilleures chances aux patients », ajoute Sophie Beaupère. 

*selon des études chinoises parues dans Lancet Oncology, JAMA Oncology et Annals of Oncology Fevrier, Mars, Avril 2020