Paris, le 14 septembre 2023 – A l’occasion de la conférence de rentrée d’Unicancer, son président le Professeur Jean-Yves Blay et sa déléguée générale Sophie Beaupère ont fait un point sur les grandes évolutions scientifiques et techniques en cancérologie, avec un focus sur l’expérience patient et la dynamique de la fédération en matière de recherche sur les données de santé. Ils ont aussi abordé le sujet prioritaire du PLFSS pour 2024, insistant sur la nécessaire équité de traitement entre établissements de santé relevant du service public.

Les Centres de lutte contre le cancer sont des joyaux du système de santé français, un modèle d’excellence, d’innovation et un exercice exclusivement public auxquels nous sommes profondément attachés. Nous saluons les dernières annonces du Gouvernement sur les revalorisations des sujétions des nuits au 1er janvier 2024, très attendues par les professionnels des CLCC. Nous les considérons comme la première étape d’une nécessaire poursuite vers l’équité de traitement.

Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer

Unicancer souhaite plus que jamais amplifier l’implication des patients dans l’évaluation des parcours, la co-construction des projets de recherche, et les processus de décision. Une dynamique majeure réalisée en lien étroit avec les associations de patients.

Sophie Beaupère, Déléguée Générale d’Unicancer

1) Les grandes évolutions scientifiques et techniques en matière de cancérologie

Nous vivons un moment de forte innovation en matière de la lutte contre le cancer qui nous permet d’améliorer de manière très significative le devenir des patients. La France garde une place majeure dans la prise en charge des patients, du fait de la construction de son système de santé autour des centres de référence tels que les CLCC et des réseaux coordonnés de recherche clinique.

L’avenir de la lutte contre le cancer :

  • Les traitements locaux :  la chirurgie, la radiothérapie, la radiologie interventionnelle, mais aussi plus récemment l’évolution vers une diminution de la lourdeur des gestes.
  • La biotechnologie : depuis la découverte du rôle des oncogènes nous sommes capables de dire qu’il n’y pas un type cancer par organe mais une multitude.
  • Par l’IA et l’analyse des images : extrêmement prometteurs, ces outils vont permettre de classer plus finement encore les types de tumeurs et d’aider la biologie moléculaire à établir des diagnostics encore plus précis.

La problématique des cancers rares :

  • Les cancers rares représentent 22% des cancers, et 30% des décès. Ils représentent un défi majeur et ne peuvent être appréhendés de manière traditionnelle faute de manque de reconnaissance et de difficultés d’accès aux traitements innovants.
  • Pourtant de nombreux espoirs sont à relever car il est désormais possible de se baser directement sur l’anomalie causale et certaines thérapies permettent l’allongement de la survie voire multiplient l’espérance de vie par 4 ou 5

Les défis majeurs à relever sont nombreux : une augmentation attendue du nombre de cancers non seulement liée au vieillissement, mais aussi aux guérisons obtenues grâce aux dépistages précoces et aux avancées thérapeutiques qui font croître à terme le nombre de rechutes et de survenue de second cancer, une démographie soignante et médicale à redynamiser ainsi qu’un système de financement perfectible.

2) Sujets prioritaires dans le cadre du PLFSS pour 2024 : équité de traitement, visibilité pluriannuelle et logique de financement fondée sur les parcours 

Point sur la situation financière des CLCC au 1er semestre 2023 :

  • Rappelons que l’activité des CLCC entre 2019 et 2022 a progressé de 15% (nombre de séjour hors séances). Il s’agit de la progression d’activité en volume la plus forte tous secteurs confondus.
  • Le bilan provisoire du 1er semestre 2023, comparé au 1er semestre 2022 montre que la dynamique d’activité des CLCC se poursuit à travers une augmentation de +4%.
  • Pourtant, globalement, la situation budgétaire se tend :
    • Inflation (coûts énergie et travaux)
    • Tensions RH toujours subsistantes (radiothérapie, médecine nucléaire, radiologie, anesthésie-réanimation). Un taux d’absentéisme pour 2022 de 8,7% en légère augmentation par rapport à 2021 (8,1%) ; (7% en 2019)
Une urgence perdure : mettre fin à l’iniquité de traitement entre les établissements de santé relevant du service public

Unicancer salue tout d’abord l’annonce de la Première ministre sur l’inclusion des CLCC dans les revalorisations des sujétions des nuits jours fériés et gardes des praticiens au 1er janvier 2024. Ces mesures de soutien, qui améliorent les conditions de travail et prennent mieux en compte la pénibilité des soignants, bénéficient à nos salariés. C’est une reconnaissance de l’engagement constant des professionnels des CLCC la nuit, le dimanche et les jours fériés au service de la prise en charge des patients atteints de cancers. Cette décision constitue une avancée importante en matière d’équité de traitement entre établissements exerçant des missions de service public. Unicancer s’en réjouit et se félicite de cette orientation.

Concrètement, Unicancer est en attente de plusieurs enveloppes :

  • La première correspond aux mesures précédemment évoquées de revalorisation des gardes de nuit et les jours fériés, qui seront appliquées dès le 1ᵉʳ janvier 2024, ce dont nous félicitons. D’après les calculs d’Unicancer, cette enveloppe devrait être de 19 millions d’euros.
  • La deuxième doit transposer de manière rétroactive les revalorisations annoncées par le ministre chargé de la Fonction publique, Stanislas Guerini, dont la hausse de 1,5 % du point d’indice appliquée depuis le 1ᵉʳ juillet 2023. Si Unicancer a eu l’assurance qu’il bénéficierait de cette transposition, il n’a pas eu confirmation de l’enveloppe qui serait allouée, la chiffrant de son côté à 30,4 M€ pour 2023 (et 57,2 M€ pour 2024).
  • Enfin, la révision du coefficient de minorations qui est passé de -2,5% en 2022 à -2,73% en 2023 et représente un différentiel de 40 M€ par an, soit 2 millions en moyenne par CLCC. Il se décompose comme suit :
    • Le Coefficient de reprise des allégements sociaux et fiscaux : 21,5 M€ en 2023 : un coefficient qui représente -1,47 % sur la masse tarifaire en 2023.
    • Le Coefficient de pondération Ségur : 18,5 M€ en 2023. L’écart de tarifs entre les CLCC et l’hôpital public s’établit à 1,26 % (revalorisations des attachés d’administration et des cadres de santé paramédicaux, prime de service et bonification d’ancienneté, la revalorisation de l’indemnité IPA, les 13 pts supplémentaires des IBODE, le non financement du Ségur 2 pour les emplois de diététicien, technicien de laboratoire et préparateur en pharmacie.)
Mettre en œuvre une logique de financement des soins fondé sur les parcours

Convaincu de la nécessité du décloisonnement des financements pour parvenir à favoriser le déploiement des parcours, Unicancer soutient fortement, à la fois dans le PLFSS 2024 mais également dans le travail fait sur la réforme de financement, la mise en œuvre d’une logique de financement par forfaits.

A titre d’exemples :

  • Unicancer a déposé un projet de type article 51 pour le projet Interception, co-porté avec La Mutualité, Patients en réseau et IMA. Un programme de prévention personnalisée des cancers, lancé par Gustave-Roussy et étendu à d’autres CLCC.
  • Unicancer et la FNEHAD demandent la mise en place d’un financement au forfait pour la prise en charge des patients traités par chimiothérapie injectable en HAD. Les économies estimées pour l’assurance maladie sont estimées à 2 030 256. 36 € pour le seul réseau des CLCC.
  • Dans le cadre de la réforme de la tarification de la radiothérapie, Unicancer demande également d’instaurer un mécanisme de financement (forfait par technique donnée, identique quel que soit l’organe traité) qui favorise l’accès aux innovations pour tous les patients, tient compte de l’évaluation des pratiques, des résultats (phase 4), et de la pertinence des actes. Le calendrier de travail sur la radiothérapie devrait être défini courant 2023, au même titre que l’HAD, la dialyse et les soins palliatifs.

3. Les engagements d’Unicancer en faveur de la promotion d’un modèle de patients partenaires en cancérologie

L’accompagnement des patients et de leurs proches-aidants est une des forces d’Unicancer et des CLCC. Ces dernières années, les patients atteints de cancers ont été confrontés à de nombreux changements : chronicisation de la maladie, nouvelles thérapeutiques, virage ambulatoire et évolutions sociétales. Ces modifications exigent de meilleures interactions entre médecins, patients et proches.

Sophie Beaupère, Déléguée Générale d’Unicancer

Pour répondre à ces évolutions, Unicancer promeut un modèle novateur de patients partenaires en cancérologie qui se traduit notamment par la signature de partenariats avec plus de 30 associations de patients, parmi lesquelles la plus historique : la Ligue contre le cancer.

Unicancer propose également des actions concrètes pour favoriser la prise en charge de l’expérience patient. En 2020, un Groupe de Travail éponyme a été créé au sein d’Unicancer et une dizaine de patients partenaires ont été recrutés au sein de différents CLCC. Afin de bénéficier des expérimentations sur la pair-aidance menées dans d’autres pays, un partenariat avec le CHU de Montréal a également été mis en place à travers le projet PAROLE-Onco.

Enfin, Unicancer souhaite amplifier davantage l’implication des patients en tant que partenaires actifs dans la co-construction de projets de recherche afin d’améliorer la pertinence, la qualité et l’impact des études cliniques, tout en garantissant que leurs besoins et attentes soient pleinement pris en compte.

4) Enjeux et dynamique d’Unicancer en matière de recherche sur les données de santé

Les hôpitaux français ont un rôle majeur à jouer dans le changement de paradigme porté par l’accélération numérique et l’intelligence artificielle. Les CLCC en particulier disposent d’une concentration de données de vie réelle les plus riches en France (1,5 million de patients) et la plus proche de la réalité clinique des patients atteints de cancer. Ces innovations vont rapidement permettre de préciser les diagnostics, individualiser les traitements, prendre en compte le fardeau à long terme de la maladie, évaluer et accélérer l’accès à l’innovation.

Ainsi, à travers la création d’une Direction des datas et des partenariats en 2020, Unicancer a souhaité se doter d’une organisation structurante pour prendre en compte les patients dans toutes leurs dimensions, servir l’intérêt général et favoriser le partage de données inter-établissements. Plusieurs programmes phares en ont découlé au plan national et européen. Ils répondent par leur complémentarité et leurs interactions naturelles à une stratégie cohérente et globale d’Unicancer pour consolider sa position de leader dans la génération et valorisation des données de santé pour la recherche en cancérologie.

Parmi ceux-ci figurent :

  • ESME, la plus grande source européenne de données oncologiques en vie réelle des patients traités dans les établissements de santé pour un cancer du sein, de l’ovaire ou du poumon,
  • La Cohorte CANTO un véritable outil d’acquisition de données clinico-biologiques de qualité et centrée sur les patientes atteintes de cancer du sein, mesurant l’impact de la maladie et des traitements sur l’après-cancer,
  • Unibase, en partenariat avec le Health Data Hub dont l’objectif est de réaliser des études multicentriques,
  • Onco Data Hub (ODH), plateforme française de référence en données de vie réelle coordonnée par Unicancer (40 établissements, 60 établissements attendus en 2024),
  • OncoDS, entrepôt de données mutualisé Unicancer (mise en réseau de 12 entrepôts locaux de CLCC), OncoDS a permis à Unicancer d’être retenu dans le cadre de l’appel à projets « Accompagnement et soutien à la constitution d’entrepôts de données de santé hospitaliers » de France 2030, piloté par la DGOS & opéré par Bpifrance avec le soutien du Health Data Hub.

A PROPOS D’UNICANCER

Unicancer est l’unique réseau hospitalier français 100 % dédié à la lutte contre le cancer. Il réunit les 18 Centres de lutte contre le cancer français (CLCC), des établissements de santé privés à but non lucratif, répartis sur 20 sites hospitaliers en France, ainsi que 2 établissements affiliés. Les CLCC prennent en charge près de 550 000 patients par an (en court-séjour, HAD et actes externes). Unicancer est aussi le premier promoteur académique d’essais cliniques en oncologie, à l’échelle européenne, avec 109 essais cliniques actifs promus, 22 700 patients inclus. Reconnu comme leader de la recherche en France, le réseau Unicancer bénéficie d’une réputation mondiale avec la production d’un tiers des publications françaises d’envergure internationale en oncologie (source : étude bibliométrique/ Thomson Reuters). Au total, plus de 730 essais cliniques (en inclusion ou en suivi) sont promus en 2022 par le réseau Unicancer, plus de 16 % des patients des CLCC sont inclus dans des essais cliniques et plus de la moitié des PHRC sont pilotés par les CLCC et Unicancer. Unicancer est également pionnier en matière de recherche sur les données de santé, avec la mise en œuvre de quatre plateformes nationales de données de vie réelle ayant généré plus d’une centaine de publications, avec plus de 83 000 patients enregistrés dans les bases de données ESME lancée en 2014, plus de 40 000 dans la plateforme ODH lancée en 2022 et 13 000 patients inclus dans la cohorte CANTO initiée en 2012. >> Suivez-nous : www.unicancer.fr

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