Stand commun, organisation de conférences, participation aux agoras, rencontres institutionnelles : Unicancer et les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) étaient particulièrement présents sur le Salon SantExpo 2023. Une présence à l’image de leur action : engagée, pluridisciplinaire, coopérative et couvrant l’ensemble des enjeux de la lutte contre le cancer. Trois jours d’échanges et de rencontres qui ont permis d’évoquer des enjeux majeurs, de présenter les innovations du réseau et de recevoir le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, ainsi que la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Mme Agnès Firmin Le Bodo.

Des prises de parole multiples sur des sujets majeurs

Les équipes et les experts du réseau Unicancer ont multiplié les interventions et les prises de parole, dans les conférences organisées sur le stand et dans les agoras. Elles ont pu aborder des sujets aussi variés que la prévention, la personnalisation des dispositifs, la digitalisation des parcours de soins, la gouvernance hospitalière, les nouveaux métiers de l’hôpital, la place des patients partenaire ou encore la labellisation par Unicancer d’infirmiers libéraux intervenant en cancérologie. Un tour d’horizon complet des défis auxquels sont confrontés les acteurs de la cancérologie, qui intégrait également une approche prospective avec le scenario horizon 2032 du think tank Innovation Days, dans lequel la Fédération Unicancer s’est impliquée aux côtés de 6 partenaires : Amgen Innovations, Biolabs, Fondation Université Paris Cité, France biotech, Les patients s’engagent et Roland Berger.

Les CLCC : un modèle agile et spécifique, adapté aux défis de la cancérologie

L’agora « Agilité et gouvernance des structures hospitalières : l’expérience des CLCC » a permis de présenter l’expérience des Centres de lutte contre le cancer. Un modèle original en France – caractéristique à l’étranger des Comprehensive Cancer Centers – avec une gouvernance a fondée sur une prise de décision rapide et privilégiant la collégialité du processus de décision associant professionnels médicaux, soignants et administratifs. A la tête des CLCC, un binôme composé d’un Directeur général médecin (PU-PH) et d’un Directeur général adjoint de profil directeur d’hôpital anime un comité de direction composé de professionnels médicaux, directeurs/trices des soins et des différentes directions fonctionnelles, ce qui permet comme l’a indiqué le Pr Steven Le Gouill, DG de l’Ensemble Hospitalier de l’Institut Curie, « d’aller plus loin que ce que l’on aurait fait seul ». C’est un modèle « qui fonctionne dans l’univers de la cancérologie, avec des établissements spécialisés et à taille humaine », précise Nicolas Salvi, DGA de l’Institut de cancérologie Strasbourg Europe (ICANS).

La gouvernance des CLCC est par ailleurs fondée sur la confiance et l’autonomie des départements et services et implique de plus en plus les patients, qui évaluent les parcours et contribuent à améliorer les pratiques et les organisations.

L’impact positif et décisif de la digitalisation sur la recherche et les parcours de soins

L’agora « Digitalisation et stratégies numériques : leviers d’optimisation inédits des parcours de soins en cancérologie » a présenté les avancées permises par la digitalisation et les données de santé. Animée par Anne-Laure Martin, Directrice Data et Partenariats d’Unicancer et le Dr Mario Di Palma, chef de service à Gustave Roussy, elle a démontré qu’elles font rentrer la recherche et les parcours de soins dans une nouvelle dimension, totalement inédite. Pionnier en matière de recherche sur les données de santé et de digitalisation depuis de nombreuses années, Unicancer a créé une Direction dédiée.

Les données de vie réelle représentent un enjeu majeur pour accélérer la recherche et faire évoluer les pratiques en cancérologie. Développer la recherche sur les données de santé, l’Intelligence Artificielle et les datas sciences fait partie de nos priorités.

Anne-Laure Martin, Directrice des Data et Partenariats d’Unicancer

Des données indispensables à la personnalisation des traitements (génomique, oncogénétique de précision…) et au développement de l’ambulatoire, avec une approche globale intégrant des éléments de qualité de vie pour placer le patient au cœur de sa prise en charge.

Précurseur, Unicancer a, depuis 2014, développé 4 plateformes de données de vie réelles reconnues internationalement : ESMÉ, Canto, l’OncoDataHub (ODH) et WeShare. Une approche qui « change la donne », permet de repenser la recherche traditionnelle en s’appuyant sur les données de vie réelle et la dynamique des entrepôts de données. Le principal défi réside dans la capacité à structurer ces données, à les rendre communicables et interopérables en vue de leur exploitation, ce qui nécessite d’importants moyens financiers, humains et technologiques… et de préserver la dimension humaine de nos métiers.

Le Dr Mario Di Palma a, lui, présenté l’étude Capri (Cancérologie Parcours de Soins Région Ile-de-France) menée par Gustave Roussy, dispositif composé de 2 infirmières de coordination (IDEC) et d’un portail web pour les patients. Si les résultats seront publiés en juin, il a indiqué qu’elle devrait mettre en évidence l’apport d’un parcours de soins coordonné lors du retour des patients à domicile en termes de réduction des toxicités sévères, de limitation des hospitalisations, de recours aux urgences et d’amélioration de l’Expérience patient.

Cette étude ouvre des perspectives majeures : ouvrir enfin l’hôpital, qui devient une étape de la prise en charge, mieux communiquer avec le patient et orienter les efforts vers ceux qui en ont le plus besoin, faire émerger de nouveaux métiers comme les IDEC et les IPA. 

Dr Mario Di Palma, Chef de service à Gustave Roussy

Sur la voie d’une prévention plus personnalisée en cancérologie

Alors que, selon l’INCa, 40% des cancers pourraient être évités, la prévention représente incontestablement un enjeu majeur et est l’une des missions dont le réseau Unicancer est investi. Lors de l’agora « Personnalisation et prédiction : quel avenir pour la prévention en oncologie ? », Sandrine Boucher, Directrice de la Stratégie et de la Performance Médicale d’Unicancer, a présenté les dispositifs de prévention mis en œuvre par la fédération et les CLCC. Une prévention ancrée dans les territoires, déployée tout au long des parcours, s’inscrivant dans une logique de santé globale, avec des mécanismes plus ciblés et personnalisés pour les personnes à haut risque.

Les Centres disposent d’atouts décisifs en matière de prévention : la capacité à mobiliser un réseau d’experts de haut niveau, à mener des essais cliniques de grande dimension, à disposer de plateaux techniques de pointe, à proposer depuis longtemps des soins de supports et des consultations spécialisées. 

Sandrine Boucher, Directrice de la Stratégie Médicale et de la Performance d’Unicancer

Cette agora a également permis de présenter deux initiatives innovantes du réseau Unicancer :

  • Interception, programme développé en phase pilote par Gustave Roussy et ayant vocation à être déployé dans le réseau des CLCC, présenté par le Dr Olivier Caron, chef du comité de génétique du Centre. Axé sur l’identification des personnes à risque augmenté de cancer grâce à une détection en lien avec la médecine de ville et un process de sensibilisation et d’évaluation, il permet de franchir un nouveau pas vers une prévention individualisée et stratifiée
  • Epidaure, nom du département prévention de l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM), seule structure en France dédiée à la prévention primaire, présenté par Mathieu Gourlan, ingénieur de recherche et cadre administratif. Le département agit pour modifier les comportements à risque associé (alcool, tabac, manque d’activité physique…) en s’appuyant sur l’éducation à la santé, l’explication des mécanismes à la base des comportements et les stratégies à mettre en œuvre pour les modifier.

Le Pr Nicolas Girard, oncologue pneumologue à l’Institut Curie et responsable de l’Institut du Thorax Curie-Montsouris, est intervenu sur l’importance du dépistage précoce des cancers du poumon auprès des personnes à risques (plus de 50 ans, dont plus de 25 ans de tabagisme). Une démarche dont les enjeux principaux seront, dans une phase pilote, l’organisation du process, la participation de personnes correspondant au profil identifié, la réalisation et l’interprétation des scanners (en s’appuyant sur l’IA) et le travail sur les biomarqueurs, qui vont permettre de comprendre la biologie et l’immunologie des cancers à une phase précoce.

La qualité de vie au travail, facteur d’attractivité des carrières

Dans une situation de tension sur les ressources humaines au sein des structures hospitalières, la question de l’attractivité des carrières est un point clé. Un bel exemple du dynamisme social a été présenté par Nicolas Portolan, DGA de l’Institut Bergonié, qui a détaillé son approche en matière de qualité de vie au travail (QVT), basée sur 5 grands leviers :

  • L’organisation, socle de la QVT : capacité à donner de la visibilité, articulation du temps de travail selon les besoins, rémunération équitable et attractive
  • La gestion du quotidien : disponibilité et fonctionnalité du matériel, locaux, restauration, suggestions des salariés
  • Le bien-être et la santé : actions de prévention, médecine du travail, prise en compte des RPS et de la situation globale des salariés
  • Le sens au travail, si essentiel : management collaboratif pour informer, associer les salariés et impliquer les équipes dans la définition et la mise en œuvre du projet d’établissement
  • La collaboration et le management : développement d’une collaboration profonde et durable entre corps médical et paramédical et formaliser les retours sur les projets menés par l’Institut

Une approche qui intègre toutes les dimensions de la qualité de vie au travail et qui porte déjà ses fruits.

Démarche prospective et partenariale, le think tank Innovation days anticipe la santé de demain

Unicancer a également accueilli les parties prenantes du think tank Innovation Days, pour une conférence à laquelle ont participé Sophie Beaupère, Déléguée générale d’Unicancer, Anne-Marie Armanteras, présidente du Conseil d’administration de l’ANAP et Cyrille Isaac-Sibille, Député de la métropole de Lyon Ouest/Sud. Une démarche d’anticipation à 10 ans – horizon 2032 – qui a permis de construire un scénario prospectif basé sur l’identification de 4 axes structurants : les parcours de soins (place et implication des patients, impact des évolutions technologiques, démocratie sanitaire), l’innovation (développement de l’accès à l’innovation, médecine personnalisée, impact de la mise en place de l’Agence de l’innovation en santé), les territoires (du local à l’échelle européenne) et les métiers (évolution des métiers, formation et nouveaux métiers).

Ce travail a permis d’aborder des sujets majeurs pour l’avenir tels que la démocratie sanitaire, l’implication et l’engagement des patients, la compréhension des nouvelles possibilités auxquelles les innovations technologiques vont donner accès.

En tant qu’experts et acteurs incontournables de la cancérologie, c’est notre responsabilité de nous projeter et de réfléchir à ce que sera la cancérologie à échéance 10 ans. Nous avons eu l’opportunité de le faire collectivement dans le cadre d’Innovation Days et nous sommes fiers de cette contribution à la réflexion et au débat. Cela apporte un éclairage solide sur ce que les nouvelles approches et technologies que nous inventons aujourd’hui et que nous allons développer permettront de réaliser, sur le rôle des structures et des équipes hospitalières ou encore la place des patients en 2032 dans un monde transformé par l’innovation. 

Sophie Beaupère, Déléguée Générale d’Unicancer

Vous pouvez retrouver la vidéo du replay de l’événement ici !