À l’occasion du mois sans tabac, découvrez comment Unicancer agit pour faire du sevrage tabagique un geste thérapeutique à part entière.
Le tabagisme demeure la première cause évitable de cancer dans le monde. En cas de cancer, arrêter de fumer améliore l’efficacité des traitements, réduit leur toxicité et augmente les taux de survie, dans la majorité des cancers, quels que soient leur localisation et leur stade. « Avec son réseau des Centres de lutte contre le cancer (CLCC), Unicancer agit sur tous les fronts – soins, recherche et prévention – pour intégrer pleinement le sevrage tabagique au parcours de soins en cancérologie. », revendique Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer.
| Novembre, le bon moment pour envisager un moi(s) sans tabac Depuis 2016, le défi national « mois sans tabac » invite tous les fumeurs à passer 30 jours, soit l’ensemble du mois de novembre, sans fumer – une étape clé qui multiplie par cinq les chances d’un sevrage définitif. Car le tabac reste un sujet de santé publique : c’est notamment un facteur majeur de risque de cancer. Le sevrage tabagique, quant à lui, améliore le pronostic de la maladie et la tolérance, l’efficacité et la sécurité des traitements, quel que soit le stade du cancer. En savoir plus : https://mois-sans-tabac.tabac-info-service.fr/ |
Depuis 15 ans, Unicancer s’appuie sur les données de vie réelle pour faire progresser les connaissances. La fédération centralise ainsi, au sein de ses programmes, les données de près de 100 000 patients atteints et pris en charge pour un cancer broncho-pulmonaire dans plus de 60 établissements (CLCC, hôpitaux publics ou privés). Son programme ESMÉ, lancé en 2014, représente la plus importante cohorte européenne sur ces cancers, avec plus de 69 000 patients et un recul médian de 7 ans. Grâce à la plateforme OncoDataHub, développée en 2021 en partenariat avec Roche, les équipes peuvent également suivre de manière systématique le statut tabagique des patients et évaluer son impact sur les traitements, les effets secondaires et le pronostic. Elle contient aussi des données cliniques et thérapeutiques concernant plus de 23 000 patients atteints de cancer broncho-pulmonaire. La cohorte nationale prospective CANTO suit aussi de tels patients depuis 2023 pour étudier l’impact de la maladie, mais aussi des traitements, sur la santé et la qualité de vie à long terme.
Ces trois bases sont aujourd’hui combinées aux données médico-administratives exhaustives du cancer du poumon en France (issues du Système national des données de santé – SNDS), grâce à une nouvelle infrastructure unique pour la recherche en oncologie : l’entrepôt de données de santé Harmonie. De quoi enraciner la recherche sur le cancer broncho-pulmonaire dans la réalité des parcours et des besoins des patients.
Pour renforcer son action, Unicancer a créé en 2018 le Groupe Onco-Addiction (GOA) au sein duquel œuvrent tabacologues, addictologues et autres professionnels. Leur mission : accompagner les patients atteints de cancer, leurs proches, mais aussi les professionnels de santé face aux addictions.
Concernant le tabac, le GOA travaille à la mise en œuvre du dispositif « Lieu de santé sans tabac », qui accompagne les établissements vers une politique exemplaire en matière de prévention. Cette politique ambitieuse, inscrite dans le Plan national de lutte contre le tabac, s’appuie sur l’implication des soignants et des directions d’établissement pour faire de l’hôpital un espace cohérent de santé publique. Tous les CLCC sont engagés dans cette démarche, avec pour objectif d’atteindre un « niveau argent » ou plus[1] d’ici 2030.

Une fiche de référence « Tabac et cancer », élaborée avec la Société francophone de tabacologie, sera aussi publiée fin 2025. S’appuyant sur la littérature nationale et internationale, ce document pratique fera le point sur les effets du tabac sur la tolérance et l’efficacité des traitements, et il guidera les cancérologues vers une approche proactive de l’arrêt du tabac, intégrant systématiquement le sevrage et le suivi tabacologique dans la stratégie de soins.
Côté recherche, Unicancer et le GOA poursuivent des travaux de pointe en s’appuyant sur des programmes nationaux emblématiques. Depuis 2024, le programme Interception, développé dans 14 CLCC, propose un parcours de prévention et de dépistage personnalisés aux personnes à risque augmenté[2] de cancer, notamment celles exposées au tabac. Le but : diminuer le risque et, grâce à un diagnostic précoce, augmenter les chances de guérison.
Le programme Impulsion[3], lauréat d’un appel à projets de l’Institut national du cancer et dont Unicancer est partenaire, évaluera de son côté la faisabilité du dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique à faible dose. Elle suivra, durant trois ans, 20 000 participants, fumeurs ou ex-fumeurs âgés de 50 à 74 ans, pour déterminer si un passage au stade de dépistage organisé est réalisable. Un tel dépistage pourrait réduire de 20 à 25 % la mortalité liée à ces cancers.
Accompagnement au sevrage tabagique dans les CLCC
Plusieurs programmes ont également été lancés dans des CLCC pour évaluer la prévalence du tabagisme chez les survivants du cancer. À titre d’exemple, le programme Interval, coordonné par Gustave Roussy à Villejuif, s’intéresse à la qualité de vie après cancer, en lien avec la prévention des rechutes mais aussi des séquelles à long terme de la maladie et des traitements. Il intègre le suivi du tabagisme chez les survivants et vise l’identification de biomarqueurs de toxicité pour évaluer, dès le diagnostic, le risque de chaque malade de développer des complications.
En 2024, le Centre Baclesse (Caen) a mis en place un parcours « tabac » destiné à renforcer le dépistage précoce du cancer du poumon et à promouvoir l’arrêt du tabac au sein des populations à risque, fumeurs et anciens fumeurs. Ce parcours s’intégrera dans le futur programme national Impulsion.
Une équipe de l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (Angers/Nantes) et Gustave Roussy a aussi montré en 2021 que, si les personnes ayant eu un cancer pendant leur enfance sont moins susceptibles de consommer du tabac ou du cannabis, celles qui en consomment le font plus jeunes et en quantité plus importante que dans la population générale. Il est donc important d’agir très tôt pour aider ces anciens patients à ne pas fumer, surtout chez les jeunes hommes en situation de fragilité sociale ou psychologique.
En parallèle, le Centre Léon Bérard à Lyon a évalué les facteurs associés à l’échec du sevrage et mis en évidence en 2023 que la précarité et les déterminants psycho-sociaux influencent fortement la réussite des programmes. Selon des analyses génétiques menées par une équipe de l’Institut Curie à Paris et de Gustave Roussy la même année sur des patients atteints d’un cancer de la vessie, l’effet du tabac dépend aussi du matériel génétique du patient. Des résultats qui renforcent la nécessité de stratégies de prévention personnalisées.
Mais comment choisir cette stratégie ? Une étude européenne[4], dont Gustave Roussy est partenaire, s’attache à identifier le meilleur programme d’aide au sevrage tabagique à l’intention des personnes éligibles au dépistage du cancer du poumon par scanner. Et une étude en cours à Lyon est la première en France à étudier le levier du diagnostic de cancer comme « teachable moment » – un moment propice à l’apprentissage – permettant au cancérologue d’engager le patient dans un parcours de sevrage tabagique en prescrivant la substitution nicotinique : les premiers résultats indiquent une forte adhésion des patients et un taux de réussite à court et long terme équivalents à ceux rapportés par des centres américains, démontrant la faisabilité de l’approche en contexte français.
Ces recherches portant sur plusieurs moments clés du parcours de soin, de la prévention à l’après-cancer en passant par le dépistage, contribuent à adapter les interventions d’aide au sevrage aux réalités de chaque patient. « Les travaux menés sur le tabac et le cancer renforcent le rôle des soignants dans l’accompagnement au sevrage. Ils doivent éclairer les politiques publiques de prévention. », assure Sophie Beaupère, pour qui « faire du sevrage tabagique un acte thérapeutique à part entière, c’est offrir aux patients de meilleures chances de guérison et de qualité de vie ».
En savoir plus : Que faire avec le tabac en cas de cancer ?
[1] À ce jour, l’Institut de cancérologie de l’Ouest, l’Institut Paoli Calmettes, le Centre Léon Bérard et le Centre Oscar Lambret ont un niveau « argent » tandis que Gustave Roussy a obtenu le niveau « or ». Ces niveaux de certification traduisent un audit des actions et ressources existantes au sein du lieu de santé.
[2] C’est-à-dire ayant une probabilité de développer un cancer au moins deux à trois fois supérieure à la moyenne de la population générale.
[3] Pour « IMPlémentation du dépistage du cancer du pULmonaire par Scanner en populatION ».
[4] Étude « 4-in-the-lung-run ».