Le bénéfice de la chimiothérapie adjuvante chez les femmes atteintes d’un cancer du sein localisé avec 1-3 N+, RH+ et HER2- dont le score de rechute selon le test Oncotype DX® est inférieur ou égal à 25, est dépendant du statut ménopausique

10 décembre 2020 – K Kalinsky, a présenté lors du San Antonio Breast Cancer Symposium (SABCS) les résultats de l’étude RxPONDER dont l’objectif était d’évaluer l’intérêt d’une chimiothérapie adjuvante chez les femmes atteintes d’un cancer du sein localisé avec 1-3 N+, RH+ et Her2-, dont le score de récurrence (RS) selon le test Oncotype DX était inférieur ou égal à 25. L’étude menée en partenariat avec le groupe académique américain SWOG et promue en France par Unicancer a été conduite par l’intergroupe UCBG (French Breast Cancer Intergroupe Unicancer), labélisé par l’INCa. Elle a bénéficié en France du soutien du laboratoire ExactSciences.

 

L’étude RxPONDER : un complément à l’étude TAILORx

L’intérêt ou non de la chimiothérapie chez les femmes avec un risque de rechute faible ou intermédiaire est une question non complètement résolue. Dans l’étude TAILORx, en l’absence d’envahissement ganglionnaire, un bénéfice de la chimiothérapie était cependant constaté en cas de risque intermédiaire évalué par le test Oncotype DX, uniquement chez les femmes avant la ménopause, mais pas en cas de risque faible.

RxPONDER, un essai de phase III randomisé, ouvert, international, multicentrique, comparait une chimiothérapie adjuvante standard associée à une hormonothérapie standard versus une hormonothérapie adjuvante standard seule chez des femmes présentant un cancer du sein RH+, HER2-, avec atteinte ganglionnaire limitée (1-3 N+) et dont le score de rechute selon le test Oncotype DX était inférieur ou égal à 25. 9383 femmes ont participé à cette étude, dont 1022 en France.

Le statut ménopausique : un facteur déterminant dans la décision de traitement

Chez les patientes ménopausées (N=3350, 67%), après un suivi médian de 5,1 ans, les résultats indiquent que le traitement par chimiothérapie n’apporte pas de bénéfice significatif en terme de survie sans maladie invasive (HR=0.97, p=0.82, 95% 0.78-1.22; 5-year IDFS 91.6% vs. 91.9%).

Chez les patientes non ménopausées (N=1665, 33%), à l’opposé, la survie sans maladie invasive est significativement meilleure chez les femmes randomisées dans le bras chimiothérapie (HR = 0.54 ; p=0.0004, 95% CI 0.38-0.76; 5-year IDFS 94.2% vs. 89.0%) indiquant un bénéfice chez ces patientes. De plus, les données indiquent dans cette sous population- un impact favorable de la chimiothérapie adjuvante sur la survie globale (HR=0.47 ; p=0.032, 95% CI 0.24-0.94).

Des données majeures qui impacteront les pratiques cliniques

Ces données devraient permettre aux femmes ménopausées ayant un cancer du sein hormonosensible avec une atteinte ganglionnaire limitée et un score de récurrence faible ou intermédiaire, d’éviter le recours à la chimiothérapie et ainsi les toxicités associées.

« Ces résultats sont majeurs et vont impacter grandement les pratiques cliniques. Ils ajoutent une démonstration très solide des indications et de la valeur ajoutée des tests génomiques pour la décision de chimiothérapie adjuvante chez les femmes atteintes de cancer du sein localisé RH+ HER2-, de façon différentielle maintenant très claire chez les femmes avant et après la ménopause. » ajoute le Dr. Suzette Delaloge, Gustave Roussy (Villejuif), coordinatrice de l’étude en France.

 

Titre : First results from a phase III randomized clinical trial of standard adjuvant endocrine therapy +/- chemotherapy in patients (pts) with 1-3 positive nodes, hormone receptor-positive (HR+) and HER2-negative breast cancer with recurrence score (RS) of 25 or less: SWOG S1007

  • Jeudi 10 Décembre 2020

Auteurs : Kalinsky K, Barlow WE, Meric-Bernstam F, Gralow JR, Albain KS, Hayes DF, Lin NU, Perez, EA Goldstein LJ, Chia SKL,  Dhesy-Thind S, Rastogi P, Alba Conejo E, DeLaloge S, Martin M, Gil Gil J, Arce-Salinas C,  Brain E,  Park IH,  Pierga J-Y,  Lluch Hernandez A,  Ramos Vazquez M, Ruiz Borrego M, TBA, Ferrero J-M,  Schott A, Shak S, Sharma P, Lew DL, Miao J, Tripathy D, Hortobagyi GN, Pusztai L2

 

À propos du cancer du sein

Selon l’agence Santé publique France (anciennement Institut de Veille Sanitaire), le cancer du sein représente un tiers de l’ensemble des nouveaux cas de cancer chez la femme et la première cause de décès par cancer chez la femme, en France, avec 12 000 décès en 2018, en rapport avec l’évolution métastatique de cette maladie chez environ 20% des femmes atteintes. Un programme de dépistage organisé est proposé en France à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans. Les tumeurs mammaires sont classées selon différentes caractéristiques biologiques qui guideront la prise en charge de la patiente, incluant entre autres le statut en l’expression ou non des récepteurs hormonaux (HR) et la surexpression du récepteur HER-2.