À l’issue des instances nationales qui se sont tenues ce mercredi 1er octobre, le Pr Jean-Yves Blay a été réélu à la présidence de la fédération Unicancer pour un nouveau mandat de trois ans.
« Ce 1er octobre, le réseau Unicancer a eu le privilège de célébrer, au Palais Bourbon, le 80e anniversaire de l’ordonnance fondatrice des Centres de Lutte contre le Cancer. Un moment historique majeur placé sous le haut patronage du Président de la République, et accueilli par Madame la députée Christine Pirès-Beaune et Monsieur le député Michel Lauzzana. L’occasion de rendre hommage à un modèle résolument avant-gardiste, universel et solidaire, qui a su évoluer, innover et toujours anticiper les défis de son époque.
Au fil des décennies, les Centres de lutte contre le cancer ont joué un rôle majeur dans l’animation de la coordination territoriale, impulsant de nouveaux modèles de prise en charge entre les professionnels de ville, les acteurs libéraux et l’hôpital. Établissements 100 % cancérologie, 100 % service public, sans activité libérale ni dépassements d’honoraires ils ont témoigné d’un engagement constant autour de quatre missions socles : prévention, soin, enseignement et recherche. Pionniers de la recherche sur tous les champs, et embrassant une logique partenariale forte à l’échelle nationale et internationale, ils ont ouvert la voie à des progrès thérapeutiques significatifs.
Aujourd’hui, ce texte fondateur résonne à la fois comme un héritage précieux et un modèle d’avenir que nous devons continuer à valoriser, à promouvoir, et à faire évoluer pour affronter les nombreux défis de demain. Jean-Alban Bergonié déclarait, il y a plus d’un siècle « le cancer, nous l’aurons ». Cent ans plus tard, ce combat demeure la raison d’être du réseau Unicancer. C’est avec la même détermination que je l’affirme « le cancer, nous l’aurons ». »
Pr Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer
La fédération a aussi renouvelé son bureau :
- Pr Frédérique Penault-Llorca (DG du Centre Jean-Perrin, Clermont-Ferrand), nommée présidente déléguée (renouvelée)
- Pr Steven Le Gouill (DG de l’Institut Curie, Paris), nommé vice-président
- Pr Mario Campone (DG de l’Institut de cancérologie de l’Ouest, Nantes et Angers), nommé vice-président
- Pr Jean-Pierre Delord (DG de l’IUCT Oncopole, Toulouse), renouvelé, nommé vice-président
- Pr Charles Coutant (DG du Centre Georges-François-Leclerc, Dijon), nommé vice-président
- Pr Emmanuel Barranger (DG du Centre Antoine Lacassagne, Nice), nommé vice-président
- Stéphanie Dumont (DGA du Centre Paul-Strauss, Icans, Strasbourg), désignée comme DGA membre du bureau.
Un bilan qui traduit la dynamique de l’action d’Unicancer, et un plan stratégique ambitieux en six axes découlant de la démarche prospective engagée en 2023
« 60 % des PHRC-cancer ont été portés par Unicancer et par les CLCC, 15 CLCC sont désormais certifiés « Haute qualité des soins », 30 accords de branche professionnelle ont été signés en 3 ans, 10 partenariats signés avec les associations de patient dont un partenariat emblématique avec la Ligue nationale contre le cancer signé il y a maintenant deux ans, 17 nouvelles études Unicancer enregistrées à décembre 2025. Voilà quelques illustrations de la dynamique que nous nous efforçons de maintenir afin de faire face aux grands défis de lutte contre le Cancer » explique Sophie Beaupère, Déléguée générale d’Unicancer.
Le plan d’actions stratégiques de la mandature 2025-2028 s’inscrit dans le cadre de la Stratégie décennale de lutte contre les cancers. Il est articulé autour de 6 axes structurants, issus des priorités identifiées par la Démarche prospective Unicancer « Horizon 2030 » :
- Positionner l’expertise des CLCC au service de l’amélioration du pilotage des parcours de soins des patients atteints de cancer dans le cadre d’une coopération territoriale renforcée avec les acteurs de santé dans une logique forte de pertinence et de gradation des soins.
- Déployer une politique RH tournée vers l’excellence collective et l’efficience des organisations, en mettant l’accent sur l’évolution des compétences et la valorisation des parcours professionnels fondées sur l’adaptation aux évolutions médicales, technologiques et professionnelles à l’œuvre.
- Contribuer à renforcer l’attractivité de la France en matière de Data et d’intelligence artificielle en oncologie afin de demeurer compétitif dans un écosystème en constante mutation.
- Capitaliser sur toutes les opportunités ouvertes par les nouvelles technologies pour développer une recherche de plus en plus réactive, pertinente, efficiente dans l’intérêt des patients.
- Mettre en œuvre les engagements d’Unicancer en matière de développement durables, en adaptant nos infrastructures et nos organisations aux impératifs environnementaux et sociétaux.
- Poursuivre les travaux en faveur d’une Europe de la cancérologie, pour faire de la lutte contre le cancer un pilier structurant de la politique de santé de l’Union européenne.
Des tarifs qui doivent être préservés pour les activités de cancérologie et une réforme de la radiothérapie dont la mise en œuvre doit veiller à permettre d’atteindre les objectifs initiaux
L’évolution de l’ONDAM hospitalier doit préserver, en évitant toute évolution négative, les tarifs des activités nécessaire à la prise en charge des cancers dans un contexte de tension sur les moyens humains et financiers des CLCC, soumis par ailleurs à une progression forte de leur activité de +7 % par an depuis 2020.
« Cela est d’autant plus important que les tarifs des CLCC sont aujourd’hui inférieurs de plus de 2 % par rapport à l’hôpital public et que nous appelons de nos vœux à une plus grande équité de traitement » rappelle Sophie Beaupère.
Unicancer soutient la mise en œuvre d’une réforme ambitieuse de la radiothérapie, au service de l’amélioration de la qualité de la prise en charge des patients. Alors que 60 % des patients atteints de cancer en bénéficient, les CLCC assurent à eux-seuls 23 % de l’activité nationale, prennent en charge 87 % des enfants traités, et 100 % des équipements de protonthérapie.
Le calendrier de la réforme de la radiothérapie doit garantir :
- La mise en œuvre d’une nomenclature et de modalités de financement communes aux établissements de santé et aux professionnels libéraux afin d’atteindre les objectifs prévus par la réforme : favoriser les prises en charge innovantes au service de la qualité et prendre en compte la complexité de certaines prises en charge.
- La fourniture aux acteurs concernés par la réforme, professionnels, équipementiers, d’un calendrier réaliste sur le plan technique.
Favoriser un accès équitable à la biologie moléculaire
Les tests génomiques en oncologie représentent aujourd’hui une avancée majeure. Ils permettent de personnaliser les parcours de soins, d’affiner les stratégies thérapeutiques et d’orienter les patients vers les essais cliniques les plus pertinents. Leur utilisation contribue à limiter les pertes de chance et à améliorer significativement la qualité de la prise en charge des patients atteints de cancer. Unicancer salue la volonté affichée des pouvoirs publics de favoriser l’accès à ces innovations. Toutefois, cet accès reste inégal sur le territoire, en grande partie à cause d’un financement partiel qui peut entraîner un reste à charge significatif pour les établissements de santé.
Deux difficultés majeures freinent aujourd’hui le déploiement équitable des tests génomiques :
- Le financement des actes inscrits à la nomenclature, notamment dans les établissements publics et ESPIC, où les prélèvements réalisés en hospitalisation ne bénéficient pas toujours d’un financement adapté. Si une dérogation a récemment été mise en place pour le test HRD, cette logique devrait être généralisée.
- La réduction progressive des financements pour les actes hors nomenclature (AHN), historiquement pris en charge de manière dérogatoire par les MERRI. Depuis le 1er janvier 2025, une dégressivité annuelle de 20 % de leur valorisation a été instaurée. Cette mesure, bien que visant à limiter dans le temps les financements dérogatoires, ne prend pas en compte le rythme réel d’évaluation des actes par la HAS. À ce jour, seule une vague d’évaluation sur les neuf prévues a été menée.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que de nombreux tests de la liste des actes hors nomenclature (LAHN) sont aujourd’hui utilisés en routine clinique. Ils sont essentiels pour adapter les traitements aux caractéristiques génétiques de chaque cancer, et donc optimiser les résultats thérapeutiques.
Dans ce contexte, Unicancer propose trois mesures concrètes pour garantir un accès équitable et pérenne à ces innovations essentielles :
- Généraliser un mécanisme de financement transitoire après inscription à la nomenclature, à l’image de celui mis en place pour le test HRD (utilisé dans certains cancers de l’ovaire). Ce financement spécifique permet de garantir la continuité de l’accès pour les patientes.
- Adapter la tarification des hospitalisations afin de couvrir les tests réalisés durant le séjour, dès leur passage à la nomenclature.
- Suspendre la dégressivité de 20 % par an sur la valorisation des actes hors nomenclature tant que leur évaluation par la HAS n’a pas été réalisée, afin de ne pas compromettre leur utilisation dans le soin courant.
Engager un changement de paradigme afin d’améliorer les résultats du dépistage et de la prévention
40 % des cancers pourraient être évités en opérant sur les comportements à risques tels que le tabac, l’alcool, les modes et habitudes de vie ou les expositions environnementales. Agir via les trois niveaux de prévention – primaire, secondaire et tertiaire – s’impose ainsi plus que jamais comme un impératif de santé publique. Pour améliorer leur efficacité et pallier aux limites des programmes de prévention traditionnel, les récentes innovations technologiques, thérapeutiques et organisationnelles constituent des leviers majeurs.
Unicancer invite les pouvoirs publics à soutenir les initiatives innovantes déployées en matière de prévention personnalisée à destination des personnes présentant un haut risque de cancer, et à favoriser leur passage à l’échelle, à l’image du programme Interception. Lancé en 2021 et dirigé par le Dr Suzette Delaloge (Gustave Roussy),ce programme a pour objectif la prévention et le dépistage du cancer chez les personnes à risque augmenté de cancer. Nous sommes en attente de la validation du démarrage de l’expérimentation au niveau national déposée depuis deux ans.
Évènements Unicancer à venir
Les 9 et 10 octobre, Unicancer organise le 2e Séminaire sur les Outre-mer, sur la thématique « Accès aux soins, pluridisciplinarité et recherche en cancérologie en Outre-Mer : Quelles solutions pour davantage d’innovations dans les territoires ultramarins ? Quels apports des Sciences Humaines et Sociales du cancer ? ». Il se tiendra au Ministère des Outre-Mer.
Du 17 au 21 octobre, Unicancer sera présent à Berlin au Congrès ESMO 2025.
Le 27 novembre à Reims, Unicancer organise la Convention nationale des CLCC sur la thématique « Cancer, patient & Territoire ». Informations et inscriptions ici.