C’est en couplant deux techniques de pointe mini-invasives, robot chirurgical Da Vinci Xi et endoscopie, que les chirurgiens de Gustave Roussy ont pu enlever une tumeur située dans le rhinopharynx d’un homme jeune de 28 ans.
Une zone « chirurgicalement sensible »
Prendre en étau la tumeur en intervenant par la bouche avec le robot et par le nez avec l’endoscopie a permis l’ablation de la tumeur difficilement accessible et d’éviter une opération beaucoup plus traumatisante. Fort de son expertise, et grâce au soutien de la Fondation Philanthropia, l’Institut poursuit l’exploration de nouvelles indications en chirurgie robotique pour offrir une meilleure prise en charge à ses patients.
Le rhinopharynx est la partie supérieure du pharynx (gorge) allant de l’arrière du nez au voile du palais. Situé profondément sous la base du crâne et à proximité des artères carotides qui alimentent le cerveau en oxygène, c’est une zone « chirurgicalement sensible » qui exige ultra-précision malgré un accès difficile. Lorsqu’une tumeur s’y développe et qu’elle est localisée près du voile du palais, son exérèse avec des instruments d’endoscopie classique par la voie nasale trouve ses limites.
La chirurgie possible pour plus de cancers
« En introduisant par la bouche les instruments du robot Da Vinci Xi qui possède des angles d’attaque différents des instruments d’endoscopie classique, nous avons pu retirer cette tumeur qui était située près du voile du palais sans que le patient n’ait de séquelles fonctionnelles importantes. Le robot permet également de mieux voir dans la zone opératoire avec la caméra 3D. C’est typiquement le genre de tumeur qui auparavant soit ne pouvait pas être opérée du fait de sa localisation soit pouvait l’être mais au prix de lourdes séquelles esthétiques et fonctionnelles pour les patients » explique le Dr Antoine Moya-Plana, chirurgien ORL à Gustave Roussy.
Auparavant, les patients qui ne pouvaient pas bénéficier de la chirurgie étaient uniquement traités par radiothérapie. Dans d’autres cas, on utilisait la voie ouverte dite transfaciale qui consiste à ouvrir le visage en deux pour enlever la peau et les os afin d’accéder au rhinopharynx situé derrière le nez. Les séquelles opératoires étaient très lourdes et les résultats peu probants.
Une technique moins invasive qui consiste à couper le palais en deux s’est ensuite développée mais les suites opératoires sont compliquées et comportent d’importantes séquelles pour parler, manger et boire ; de plus, la cicatrisation de la bouche, processus long et complexe, décale dans le temps la radiothérapie post-opératoire.
En attaquant la tumeur, d’un côté par le nez et de l’autre par la bouche sans ouvrir le palais en deux grâce au robot chirurgical, la radiothérapie chez ce patient a pu être initiée rapidement après l’opération.
À propos des cancers ORL
Chaque année, en France, les cancers ORL (Oto-Rhino-Laryngologie) touchent 15 000 nouvelles personnes et provoquent 6 000 décès. Il s’agit du 5ème cancer en termes de fréquence en France.
La chirurgie est l’un des principaux traitements des cancers ORL. Arme efficace contre ce type de cancer, elle reste particulièrement complexe et peut entraîner des bouleversements physiques et psychologiques qui impactent la qualité de vie des patients.
L’essai TORS évalue la chirurgie robot-assistée en ORL
L’équipe pluridisciplinaire du comité ORL/Tête et cou de Gustave Roussy a acquis une renommée nationale et internationale dans la prise en charge globale des patients porteurs de tumeurs bénignes ou cancéreuses : diagnostic, bilan, traitement complet, rééducation et suivi. Gustave Roussy est Centre de référence national pour les tumeurs rares ORL / tête et cou et un centre d’expertise international dans la chirurgie des tumeurs du rhinopharynx et de la base du crâne.
Promue par Gustave Roussy et coordonnée par le Dr Philippe Gorphe, TORS est une étude prospective dont l’objectif est d’évaluer la faisabilité d’une intervention robot-assistée par la bouche pour éviter les mutilations importantes en chirurgie ORL.
Avec l’arrivée, en novembre 2014, du robot chirurgical dernière génération Da Vinci Xi, l’Institut développe la chirurgie robotique autour de plusieurs disciplines : la chirurgie gynécologique, la chirurgie digestive, la chirurgie cervico-faciale et la chirurgie plastique et reconstructrice. Gustave Roussy a pu se doter de cette technologie de pointe grâce au soutien financier apporté par la Fondation Philanthropia, son plus grand donateur privé.